Toujours pas abonné ?

Soyez inspiré en recevant tous les trimestres le magazine des Industries Créatives

Connexion abonnés

Mot de passe perdu ?

The Point Newsletter

[contact-form-7 404 "Non trouvé"]

Sed ut perspiciatis unde omnis iste natus error.

Follow Point

Commencez à taper votre recherche ci-dessus et appuyez sur 'Entrer' pour lancer la recherche. Appuyez sur 'Echap' pour annuler.

Noir Ivoire, l’atelier partagé du groupe Pigments

Menuiserie, serrurerie, impression, pose : Noir Ivoire concrétise aujourd’hui les projets des différentes entités du groupe Pigments. Avec un objectif clairement affiché : cultiver l’intégration croissante du groupe de communication, pour en faire un « one stop shop » incontournable sur le marché.

Un imposant bâtiment de 4500 m2 bardé de bois, installé au bord de l’autoroute A4. C’est ici, à Collégien (77), que Noir Ivoire, anciennement connue sous le nom de Jet Pub, s’est installé il y a près de deux ans. L’entreprise, qui fait partie du groupe de communication Pigments, est spécialisée dans l’architecture éphémère et la scénographie de l’expérience-client. Son cœur de métier : les espaces de vente du secteur de l’immobilier. Grâce à son vaste atelier, elle est en mesure de proposer des projets clef-en-main. Elle en maîtrise toutes les étapes : de la conception technique à la pose en passant par l’impression. Près de 30 personnes s’activent sur le site. Outre un pôle création et un service administratif, les collaborateurs de l’entreprise sont répartis au sein de quatre ateliers : menuiserie, serrurerie, imprimerie et assemblage.

©Noir Ivoire

RATIONALISER LES PROCESSUS

À la tête de Noir Ivoire depuis mai 2021, Pierre-Vincent Pigot, un ingénieur chevronné ayant travaillé en Angleterre et aux États-Unis, s’est rapidement imposé comme le maître ès processus. L’organisation même du bâtiment et la déambulation en son sein ont été pensées pour faciliter l’avancée de chaque projet. Du service création aux ateliers de fabrication, la rationalisation règne, étape après étape, bureau après bureau. « En industrie, la méthode s’inscrit au cœur de la bonne marche de l’activité. La mise en place de processus précis permet de gommer les aléas techniques », confie le directeur des ateliers. 

Pour avaliser et certifier sa méthode de travail, Noir Ivoire se donne pour objectif d’obtenir le label ISO 9001 d’ici la fin de l’année. Pierre-Vincent Pigot se montre confiant : « 90 % de nos actions étaient déjà conformes aux attendus de la norme ISO. Le label demande un peu plus de rigueur et de documentation, mais il ne s’agit pas d’un bouleversement. La certification nous permettra de gagner du temps in fine, car elle fluidifie le système d’information ».

PRODUIRE MOINS, MAIS MIEUX

La vitesse de déploiement des productions constitue un facteur-clé de succès sur le marché de l’immobilier. L’atelier, grandement dépendant de la bonne santé du secteur, a souffert de la crise sanitaire. Et si la reprise des programmes est désormais vigoureuse, le segment des bulles de vente, ces espaces éphémères de commercialisation produits par centaines chaque année par Noir Ivoire, s’essouffle.

© Noir Ivoire

Les budgets de communication des promoteurs immobiliers de premier plan, qu’il s’agisse de Nexity, Bouygues ou d’Altarea Cogedim, évoluent. Les bulles de vente sont progressivement évincées au profit d’actions digitales, jugées plus rentables. Pour tenter de contrer cette tendance, Noir Ivoire s’adapte, en proposant de nouvelles solutions de communication plus inventives.

Parmi les dernières nouveautés, une bulle de vente mobile, facilement déployable sur de courtes durées et réutilisable de ville en ville. Une palissade de travaux proposant une trentaine de services intégrés relatifs à la mobilité, la citoyenneté et l’environnement, est aussi apparue. Des pompes à vélo, une boîte à livres, ou encore des poubelles de recyclage sont offertes en accès libre à tous les passants. Avec cette solution à la carte et personnalisable, qui intègre ou non un espace de vente, Noir Ivoire promeut une communication originale auprès de ses clients. « Les travaux immobiliers sont parfois source de nuisance pour le voisinage. Pour compenser, les promoteurs peuvent offrir des services de proximité bénéficiant à tous, plutôt que de réaliser une communication exclusivement centrée sur le programme », avance le responsable.

UN FORT NIVEAU D’ÉQUIPEMENT

Pour rebondir, Noir Ivoire peut également compter sur l’activité des autres entités du groupe Pigments, dont elle est l’atelier de production. Les projets de With Up Com, spécialisée dans l’évènementiel, de Moteur Incentive, dédiée aux sujets mobilité, et de Terres Rouges, pour la communication extérieure et la scénographie urbaine, sont réalisés sur le site de Collégien.

Avec un fort niveau d’équipement, l’atelier d’impression tourne à plein régime. Doté de deux solutions Canon, une imprimante UV Colorado 1640 et une table à plat Arizona 550 XT, et d’un modèle HP Latex 570, il est en mesure de répondre à tous les types de demandes. La découpe, via un plotter Summa 160, ainsi que les opérations de finition sont également réalisées dans l’atelier. L’ensemble des étapes transitent entre les mains expertes d’un responsable en poste dans l’entreprise depuis plus de vingt ans.

Pour les espaces de vente, l’intégralité ou presque des impressions est également réalisée en interne. En revanche, pour les productions très grand format, telles que les immenses toiles ornant les façades de bâtiments des grandes villes françaises, Noir Ivoire fait appel à de la sous-traitance. « Il est parfois complexe de tout réaliser, pour des raisons de surcharge de travail ou de manque de compétences. Nous déléguons notamment les impressions en 5 mètres de laize », précise Olivier Girardot, le directeur de Terres Rouges.

Une réflexion est en cours pour procéder à un éventuel investissement et internaliser ce type d’impressions XXL. « Nous produisons 20 000 m2 par an, avec des niveaux erratiques selon les mois. Un investissement se justifiera quand nous aurons un flux plus constant et conséquent. Et il en appellera d’autres, car qui dit impression grand format, dit confection. Cela demande beaucoup de place au sol en atelier », souligne le dirigeant.

QUÊTE ESTHÉTIQUE

Les dispositifs de communication extérieure grand format sont certainement le champ d’activité le plus spectaculaire de Noir Ivoire. Devenues un enjeu fondamental pour les grandes marques de luxe, les façades d’immeubles évènementielles exigent une scénographie innovante et une production minutieuse. Deux qualités rassemblées par les équipes de Terres Rouges et l’atelier de Noir Ivoire.

Le quartier des Champs-Élysées est un de leurs terrains de jeu favoris. Qu’il s’agisse de la boutique Yves Saint Laurent avec sa façade miroir, du magasin Dior avec sa vague délicate, ou de la Galerie Élysées 26 avec ses élégantes créations de papier, les projets interpellent et rivalisent de beauté, parfois sur des surfaces de plus de 1000 m2.

Dior-ChampsElysees_©TerresRouges
©Terres Rouges
©Terres Rouges

Au-delà des opérations de communication, Olivier Girardot défend la prétention esthétique des projets portés par le groupe, et ce d’autant plus que Terres Rouges fait régulièrement appel à des artistes internationaux pour appuyer les idées de ses équipes : « Il s’agit d’apporter un supplément d’âme, pour créer une émotion auprès du public. »

Fort de ce positionnement marqué, Pigments, par ailleurs mécène de la Fondation du patrimoine et adhérent au programme environnemental Global compact de l’ONU, affirme ne pas être inquiété par les pouvoirs publics, qui font de plus en plus la chasse à l’affichage grand format.« Notre positionnement est plus artistique qu’exclusivement publicitaire et nos communications ne sont pas agressives, donc nous bénéficions d’une bonne image », justifie Olivier Girardot.

SORTIR DE PARIS

À date, l’intégralité ou presque des campagnes de communication monumentales du groupe prennent corps dans les rues de la capitale. Le peu d’opérations vues ailleurs s’expliquerait en grande partie par la culture de notre pays, selon Olivier Girardot : « La France est un pays encore très centralisé, contrairement à l’Italie par exemple, où des campagnes sont déployées sur des monuments historiques à Rome, Milan ou Florence. »

Comment faire dès lors pour convaincre les grands annonceurs de sortir de Paris ? Le dirigeant de Terres Rouges, lucide sur la différence d’impact médiatique entre une opération sur les Champs-Élysées et en régions, avance une piste pour favoriser une plus large ouverture : imaginer des dispositifs exclusifs, adaptés à chaque environnement.

A la manière d’Easyjet en 2019, dont la campagne d’affichage inversé à Bordeaux tirait parti du potentiel du Palais de la Bourse et de son Miroir d’Eau, il s’agit de proposer des expériences inédites. Faire appel à des interactions digitales, en réalité virtuelle par exemple, pourrait parfaitement trouver une résonance de taille à Nantes ou Marseille, grâce aux réseaux sociaux.

Quel que soit le dispositif conçu, un prérequis demeure : l’appréhension de la scénographie grand format comme un médium à part dans le monde du print. « Notre activité ne correspond pas à l’agrandissement d’une affiche 4×3 ou d’une annonce presse. Les codes de lecture et les interactions diffèrent, donc il est fondamental de créer une autre expérience de communication », martèle Olivier Girardot.

OBJECTIF ONE STOP SHOP

Au sein du groupe Pigments, l’ambition avouée de la direction tient dans la création d’un groupe de communication intégré, car le concept de « one stop shop », proposant un ensemble complet de prestations via un guichet unique, de la phase de conseil à la pose, est de plus en plus demandé par des annonceurs en quête de réactivité et de simplicité.

« Une intégration totale permet de gérer un budget communication global. Nous sommes aujourd’hui en mesure de piloter la dimension conseil en amont dans une de nos trois agences, et de produire ensuite chez Noir Ivoire. Cette centralisation, avec un seul interlocuteur pour le client, garantit une cohérence dans le message et, en bout de chaîne, des économies d’échelle », argumente Olivier Girardot.

Du côté de l’atelier, Pierre-Vincent Pigot abonde dans le même sens. Il prend l’exemple d’une fleuriste : « Cette cliente nous avait initialement contactés pour l’agencement de sa boutique. Au final, nous avons réalisé la menuiserie de ses meubles, la vitrophanie de sa devanture et même le covering de son véhicule. Elle était ravie de confier l’intégralité de ses demandes à un prestataire unique. »

À la faveur d’une multiplication des projets intégrés, de plus en plus de réseaux de franchise, du secteur de la restauration notamment, toquent à la porte du groupe Pigments. Des contrats concernant des dizaines de magasins se profilent. Entre les espaces de vente, les palissades, et même l’habitation durable depuis peu, nul doute que Noir Ivoire va mettre le bleu de chauffe dans les mois à venir.

Détenteur d’un MBA en Management stratégique (Université Laval, Canada) et d’une Maîtrise de gestion (Paris IX Dauphine), Bertrand Genevi possède dix ans d’expérience dans les médias (L’Express, 20 Minutes) et en agence de communication (Hopscotch).