
Maison Seiller, la PLV made in France à tout prix
L’entreprise rhônalpine produit depuis 1955 des meubles commerciaux et des présentoirs à destination des points de vente et des magasins. Chaque création est ultra personnalisée, car Maison Seiller maîtrise 100 % de la production sur son site dans l’Ain : design, conception et fabrication. Un ancrage local historique, auquel la direction de la PME tient plus que tout.
A Tenay, dans le département de l’Ain, Maison Seiller se présente fièrement comme le premier employeur. 80 personnes évoluent au sein de l’usine de ce spécialiste en conception et fabrication de PLV, en activité depuis 1955. Ce poids conséquent dans la vie locale saute aux yeux quand nous nous rendons sur place. Entre le panneau du village et la grille d’entrée de l’entreprise s’écoule plus d’une minute en voiture, marquée tout du long par le mur d’enceinte de l’usine. Les chiffres le prouvent : au total, les bâtiments de l’entreprise occupent une surface de 22 000 m2.
En 2022, Tenay a connu un petit évènement. La PME a changé de mains. La famille fondatrice, les Seiller, a cédé ses parts à deux associés, Fabrice Bascoul et Jérôme Chèze. Le premier est ingénieur en procédés, avec 25 ans d’expérience dans l’univers des produits de grande consommation, au sein d’entreprises reconnues. Le deuxième possède un MBA et 20 ans d’expérience dans la direction de TPE/PMI. Un attelage complémentaire, qui a su donner un nouveau souffle à Maison Seiller.
DU DESIGN À LA FABRICATION
Chaque année, 50 000 meubles commerciaux et présentoirs, à destination des points de ventes et des magasins, sortent de l’usine de Tenay. Maison Sellier s’occupe de tout : design, conception et fabrication, de l’unité à la série. Cette large expertise offre aux clients des créations ultra personnalisées. Au sein du catalogue de l’entreprise, des présentoirs, vitrines, corners et autres ameublements indispensables sont là pour créer le désir et le besoin chez les consommateurs et faciliter l’acte d’achat en magasin.
Pour ce faire, Maison Seiller peut compter sur son équipe d’experts techniques et créatifs. « Notre bureau d’études se compose de 9 personnes, soit 10 % de nos effectifs. C’est beaucoup, mais à nos yeux, bien répondre à un client, c’est lui proposer une fonctionnalité allant au-delà de ses attentes. C’est pour cette raison que nous avons embauché un nouveau designer, ayant connu une expérience au Japon, et qui agit en complémentarité avec un designer opérant chez nous depuis 20 ans. Nous avons aussi investi dans la formation et dans des logiciels de gestion de données techniques », détaille Jérôme Chèze.
Parmi les produits proposés par Maison Seiller, on retrouve des meubles commerciaux (présentoirs de produits, displays, îlots, vitrines, totems, bornes PLV, gondoles, têtes de gondole, box, testeurs, colonnes de présentation, nez de caisse, habillages de linéaire, avancées de rayon, meubles de caisse), de la PLV de comptoir (urnes, présentoirs de banque, boites de comptoir, supports produits, glorifieurs), de l’ILV (kakémonos, stop-rayons, vendeurs muets, signalétique), ou des bornes interactives. Les matériaux employés vont du métal aux bois, en passant par le verre, la pierre ou le plastique.
INNOVER, CRÉER
L’innovation est au cœur du projet d’entreprise. Pour preuve, 5 % du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise se voit consacré au sujet. Cela peut toucher à l’innovation organisationnelle, comme aux produits. Par exemple, Maison Seiller propose désormais du collage sur métal et du rivetage, alors que trois ans en arrière, tous les éléments étaient nécessairement soudés.
Au global, la direction promeut une montée en gamme des solutions proposées. « Avant, l’entreprise proposait essentiellement des produits carrés et très fonctionnels, rembobine M. Chèze. A présent, nous élargissons notre gamme avec des présentoirs ronds ou éco-conçus. Nous avons aussi lancé des murs végétaux synthétiques. Et notre service impression monte en puissance, avec un effort mis sur des finitions plus premium. En somme, nous proposons des choses qui n’avaient pas encore été imaginées par l’entreprise. »
Il faut dire que Maison Seiller baigne dans une atmosphère créative. Le village paisible de Tenay ne compte que 1 000 habitants, mais on y aperçoit plusieurs fresques murales XXL, dont une habille l’usine depuis l’année dernière. En effet, un festival de street art a lieu, ici, tous les deux ans. « Notre environnement immédiat nous pousse à être créatifs dans nos propositions », reconnaît le dirigeant.


UNE USINE SUR 900 MÈTRES
La visite de l’usine, aperçue depuis la route, s’avère des plus impressionnante. Elle s’étend en effet sur 900 mètres… Des dimensions gigantesques qui permettent à Maison Seiller de créer un flux optimal entre les entrées et les sorties au sein de l’usine. Au fil de la déambulation, différents pôles se succèdent, dans une logique opérationnelle : tôlerie, serrurerie, cambrage des fils, peinture époxy, impression numérique, sérigraphie, découpe des matériaux, assemblage et conditionnement.
Si les murs de l’usine ont plus de 150 ans – elle était occupée par l’industrie textile avant que Seiller ne prenne possession des lieux -, on remarque que la plupart des machines installées sont récentes, fruit d’un gros investissement des repreneurs en 2022. On se surprend à voir peu d’employés. Une impression probablement liée à l’immensité des bâtiments, offrant beaucoup d’espace à chacun, et à l’automatisation régnant au sein de l’usine.
Le bien-être des salariés représente une préoccupation d’importance pour la direction. « On entretient une vraie proximité avec nos collaborateurs. Il est important qu’ils comprennent ce qu’ils font et pour qui ils le font. Cela créé de l’engagement et une fierté de faire valoir une production locale, depuis ce village, pour ensuite l’envoyer dans le monde entier. A l’image de Leroy Merlin, pour qui nous livrons en Grèce ou en Espagne. »
Car Maison Seiller, 10 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, a séduit les plus grandes enseignes et marques françaises, mais aussi étrangères, dans différents secteurs d’activités. Si la cosmétique, l’agroalimentaire et l’optique rassemblent une majorité des contrats, la mode, le sport, la santé, ou le bricolage représentent également une part non négligeable des commandes.
ULTRA LOCAL
Les clients se disent séduits par la qualité des produits et le service offert. Maison Seiller, dont les trois quarts des fournisseurs sont basés en Auvergne-Rhône-Alpes, se distingue notamment par sa réactivité en termes de fabrication – à partir de 6 semaines. C’est là où le made in France prend toute son importance. « Le transport est réduit, face à une production asiatique ou même polonaise. Des clients américains nous demandent des productions pour l’Europe, des Norvégiens commandent des PLV pour se rapprocher de leurs clients français, italiens ou espagnols. »
Malgré tout, M. Chèze ne cache pas que son entreprise fait face à une problématique bien connue des entreprises produisant sur le sol français : les tarifs pratiqués. « Il est difficile de se positionner quand c’est uniquement le prix qui entre en ligne de compte. Mais quand on peut apporter quelque chose, dans laconception ou l’analyse des cibles utilisateurs, les clients sont prêts à y mettre le prix. Si on veut vraiment un made in France puissant, il faut apporter de la valeur et se différencier. Si c’est pour faire comme tout le monde, ça ne marche pas. »Maison Seiller ne produira jamais d’énormes volumes de PLV en piochant dans un catalogue de produits standardisés. Mais, forte de ce choix assumé, la PME continuera toujours de se battre pour valoriser son terroir.