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    La valorisation, un projet industriel : zoom sur deux stratégies innovantes dans l’adhésif et le textile

    La stratégie « Recyclabilité, recyclage et réincorporation des matériaux » est une des stratégies d’accélération dont l’État a annoncé le lancement lors de la présentation du plan France Relance en septembre 2020. Progresser dans le recyclage et la valorisation des matériaux constitue de fait un enjeu fort de transition écologique dans un monde où les ressources tendent à s’amenuiser. Dans toutes les filières, les initiatives publiques et privées se multiplient afin d’ouvrir la voie à un avenir plus durable pour l’industrie. Zoom sur deux stratégies repérées dans les industries graphiques, chez deux acteurs français du textile et de l’adhésif, Tectex et Hexis.

    Un long chemin d’apprentissage. « Aujourd’hui, on a des coûts de traitements de déchets qui oscillent entre 285 et 315 euros la tonne. Vous ajoutez à cela le paiement de la TGAP (Taxe Générale sur les Activités Polluantes, ndlr), les coûts des rotations et de la location des bennes, et vous prenez vite conscience qu’il vaut mieux valoriser de la matière que payer une facture de déchets ». 

    Isoland thermique et énergie

    Guillaume Léonardon est le directeur QHSE et RSE du fabricant français de film adhésif Hexis. Depuis des années, il œuvre pour mettre en place un circuit de valorisation de matières. À l’été 2023, il a lancé un programme ambitieux de récupération pour trois typologies de matières — liners, PVC et flasques — et monté en parallèle un partenariat avec trois structures pour faciliter leur réutilisation industrielle. « Nos clients collectent leurs matériaux dans des bacs de 500 litres ou 1000 litres que nous leur fournissons ou, si c’est plus simple pour eux, ils les conditionnent sur une palette. Ensuite nous les trions, ce qui nous permet de massifier les quantités pour pouvoir ensuite les réinjecter dans différents process industriels. Le liner est par exemple recompacté dans notre usine et confié à des industriels qui le transforment en ouate de cellulose destinée à faire de l’isolant thermique. Sept tonnes de liner et onze tonnes de PVC ont ainsi pu être revalorisées en 2023. Les flasques peuvent quant à elles être réutilisées. L’année dernière, près de 70 000 flasques ont eu une seconde vie », explique Guillaume Léonardon.


    Tectex fabrique des supports souples pour l’impression numérique depuis quasiment 30 ans. Au départ, c’était de la bâche PVC, remplacée progressivement pas du textile. Il y a une quinzaine d’années, l’entreprise installée dans le Bas-Rhin a complété son offre en devenant concepteur de supports rigides en aluminium avec une gamme de cadres textiles et des caissons lumineux. Pour limiter ses impacts et ceux des structures qu’elles commercialisent, souvent pour des opérations éphémères, le fabricant a développé une gamme de matières plus responsables en privilégiant des polyesters recyclés et en allégeant certaines de ses références. Dans le domaine de l’aluminium également, il a travaillé sur son sourcing : 85 % de sa gamme sont en aluminium recyclé. Mais l’actualité de cette année réside dans la mise en place de son programme de valorisation énergétique. « Nous sommes aujourd’hui en mesure de proposer à nos clients de collecter et de massifier des matériaux dans nos entrepôts pour ensuite les renvoyer vers un partenaire industriel en mesure de transformer toute cette matière et de la valoriser en énergie via la fabrication de pellets », explique son directeur général, Mathieu Bitsch. « Nos clients mettent ces matériaux directement sur palettes et nous les récupérons à l’occasion d’une livraison. Du fait de son activité, Tectex dispose de sa propre flotte de camion. En collectant ces matières, nos camions ne roulent plus à vide, ce qui nous permet d’optimiser les impacts », précise le responsable. Confectionnés et imprimés, tous les textiles peuvent entrer dans cette boucle de valorisation, à la seule condition de ne pas contenir d’éléments en PVC, comme les joncs par exemple. Une première étape qui en appelle déjà une autre : Tectex envisage d’ores et déjà d’aller plus loin en proposant à ses clients de collecter d’autres types de déchets comme le carton, le plastique ou encore l’aluminium, et de valoriser ainsi encore plus fortement sa partie transport. « Tectex est aujourd’hui sur un chemin et cherche à conscientiser ce qu’il reste à parcourir. Autrement dit, voir où nous pourrions agir à notre niveau pour aider l’économie à se transformer », confie Mathieu Bitsch.


    Guillaume Léonardon
    Directeur QHSE et RSE chez Hexis

    « Insuffler une nouvelle vision de la transversalité »


    « Polymérisation de la chaîne de valeur »

    « La force de la RSE permet de casser des immobilismes qui étaient présents dans les entreprises et d’insuffler une nouvelle vision de transversalité entre différents acteurs qui jusqu’ici ne se parlaient pas forcément. Du donneur d’ordre au transformateur en passant par le fabricant, voire le fournisseur de matières premières. Pour ma part, j’aime bien parler de polymérisation de la chaîne de valeurs », poursuit Guillaume Léonardon. « L’éco-conception, par exemple, est un chemin qu’il faut évidemment emprunter. La législation évolue d’ailleurs en ce sens. Demain va arriver l’obligation d’incorporer 40 % de composants biosourcés dans les matériaux qui seront fabriqués. Avoir une charte d’achats responsables est un prérequis indispensable. Chez Hexis, cela fait partie de nos engagements », indique le responsable.

    Un moteur d’accélération

    Depuis le 1er janvier de cette année, les obligations de reporting extra-financier des entreprises en matière sociale et environnementale ont évolué. Désormais, on ne parle plus de NFRD pour Non Financial Reporting Directive mais de CSRD pour Corporate Sustainability Reporting Directive. Au-delà du changement de vocabulaire, cette nouvelle réglementation porte une nouvelle ambition : faire du reporting extra-financier un élément de renforcement et d’accélération des politiques de développement durable des entreprises. La CSRD vise à mettre en place un reporting plus détaillé, applicable à un plus grand nombre d’entreprises. À partir du 1er janvier 2025, seront ainsi concernées toutes les entreprises européennes de plus de 250 salariés. De quoi bousculer l’écosystème des fournisseurs contraints désormais de mesurer leurs impacts sous voir leurs clients se tourner vers des fournisseurs plus responsables.
    Pour les deux dirigeants, la CSRD sera indéniablement un moteur d’accélération de la transformation. Plutôt que d’y voir une contrainte de plus, ils préfèrent considérer ce renforcement de la réglementation comme un nouveau levier qui leur permettra de se poser les bonnes questions tout en améliorant leurs performances et de renforçer leurs relations-clients. « Dans un contexte de très forte évolution des métiers, imbriqué dans une société post-crise plus responsable, la RSE doit devenir la stratégie prééminente de l’entreprise et non plus une stratégie à envisager et à considérer. La vraie réussite repose sur les organisations qui transforment les choses de l’intérieur. C’est la démarche adoptée par Hexis », analyse Guillaume Léonardon.
     « Dans la RSE, il n’y a pas que le recyclage industriel, il y a aussi la parité homme-femme par exemple, et une multitude d’autres sujets qu’il est important de prendre en compte. Chez Tectex, nous avons baptisé notre démarche we.respect, justement pour signifier que notre approche va au-delà de la valorisation des matières et que l’humain est aussi au cœur de notre volonté de transformation », conclut Mathieu Bitsch.


    Mathieu Bitsch,
    Directeur général de Tectex

    « Conscientiser le chemin à parcourir pour aider l’économie à se transformer »


    Cécile Jarry est journaliste, rédactrice en chef d'IC Le Mag, le magazine des industries graphiques et créatives édité par Infopro Digital Trade Shows.