Écoresponsabilité : vous avez entendu parler des encres compostables ?
Dans leur quête effrénée pour avoir des produits toujours plus écoresponsables, les donneurs d’ordre se focalisent de plus en plus sur les encres qui seront utilisées pour imprimer leur communication imprimée. Dernière nouveauté à date : les encres compostables.
Encres végétales, encres biodégradables, encres à base d’algues, de micro-organismes… la chimie des encres est aujourd’hui en plein boom écologique afin de trouver des alternatives efficaces aux dérivés du pétrole actuellement utilisés par l’industrie pour fabriquer une grande majorité de pigments.
La jeune société américaine Living Ink , fondée en 2013, a ainsi développé une encre à base d’algues. Pour la fabriquer, elle utilise comme matériau de base un sous-produit extrait des algues, la spiruline, ce qui lui permet de créer une encre renouvelable et biosourcée. Ce pigment brut est ensuite purifié, broyé et transformé pour obtenir un beau noir carbone. Et ça marche ! La marque Patagonia a utilisé cette encre pour imprimer un livret. Living Ink vient par ailleurs d’annoncer qu’elle venait de mettre de mettre au point une nouvelle encre de sérigraphie pour les textiles de coton.
©Living Ink-Patagonia
En France, la société spécialisée en biotechnologie Pili développe des encres industrielles écologiques produites par des micro-organismes. Ses procédés allient fermentation et chimie durable et permettent la production de couleurs à la fois performantes et écologiques. Sa technologie a le potentiel de s’affranchir du pétrole et des produits chimiques polluants impliqués dans la production de couleurs dans les secteurs du textile, du plastique, des peintures et des encres. Depuis mai 2021, elle fait partie des sociétés qui bénéficient du Plan de Relance français qui vise à relocaliser des activités industrielles stratégiques tout en respectant l’Accord de Paris, ce qui va lui permettre d’accélérer l’industrialisation des tout premiers pigments biosourcés destinés aux peintures et aux encres.
©Pili
Également expert dans ce domaine, Philippe Alzina, directeur technique de Mistral Graphic, est aujourd’hui régulièrement sollicité pour développer de nouvelles formules susceptibles de répondre à ces attentes. Récemment, la demande s’est focalisée sur des encres dites compostables. Elle émanait de marques du secteur du luxe pour de l’impression de packaging. Actuellement en phase de test, elles devraient bientôt être visibles en boutique.
Comme le fait remarquer justement l’expert, qui dit compostable, ne dit pas forcément recyclable. « Une encre compostable sera considérée comme un perturbateur de tri » prévient le spécialiste. Mais pour les marques, là n’était pas le sujet puisque ce qu’elles voulaient, c’était pouvoir produire un packaging biodégradable. Autrement dit un packaging que l’on puisse mettre directement dans son compost plutôt que dans sa poubelle jaune. À une époque où la filière de recyclage française est en pleine remise en question avec notamment la fermeture de l’usine de la Chapelle-Darblay, l’argument peut s’entendre. Pour Philippe Alzina, la démarche est intéressante à condition qu’elle soit accompagnée de toutes les explications nécessaires pour que le process soit vertueux jusqu’au bout.
Dans sa gamme « Compost’Ink », tous les liants et composants sont d’origine naturelle avec des vernis 100% naturel à base d’eau, sans COV, des paillettes de 200 µm biodégradables et compostables, avec ou sans fond nacré constitué de mica naturel. « Utilisables en sérigraphie et en flexo, ces encres sont relativement faciles à mettre en oeuvre, mais n’ont évidemment pas les mêmes tenues que les encres classiques et nécessitent quelques adaptations. Leur coût est également supérieur« , précise le spécialiste.