Toujours pas abonné ?

Soyez inspiré en recevant tous les trimestres le magazine des Industries Créatives

Connexion abonnés

Mot de passe perdu ?

The Point Newsletter

    Sed ut perspiciatis unde omnis iste natus error.

    Follow Point

    Commencez à taper votre recherche ci-dessus et appuyez sur 'Entrer' pour lancer la recherche. Appuyez sur 'Echap' pour annuler.

    Étigraph ou le meilleur des deux mondes

    Étigraph, créateur et imprimeur d’étiquettes adhésives, a pris le virage du numérique avec Konica Minolta et MGI en mars 2023. Un an plus tard, les deux technologies cohabitent harmonieusement au sein de l’atelier, dans une philosophie partagée autour d’une exigence de qualité, du goût du détail et d’une recherche permanente d’innovation.

    Une belle collection de bouteilles de vin, de bouteilles de champagnes et de spiritueux accueille le visiteur qui se rend dans l’atelier de l’imprimeur d’étiquettes Étigraph, à Drumettaz-Clarafond, près d’Aix-les-Bains (73). Un peu comme chez un caviste, le propriétaire exhibe ses grands crus, sauf qu’ici, ce sont les étiquettes qu’il faut regarder. Leurs teintes chatoyantes, leurs dorures galbées, leurs vernis texturés.

    Jean-Yves Michel, le dirigeant de l’imprimerie nous indique qu’il réalise aujourd’hui 70 % de son chiffre d’affaires sur le marché des vins et spiritueux, des jus de fruits et des sirops. L’alimentaire représente 20 % de son activité et l’industrie pharmaceutique 10 %. Tout avait pourtant commencé par-là, en 1988, avec un premier contrat signé avec le groupe Bayer. Un client fidèle pour lequel il imprime encore 10 millions d’étiquettes par an mais qui ne constitue plus le core business de l’imprimeur. Étigraph, qui réalise aujourd’hui 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 37 personnes, a depuis diversifié son activité.

    Ancrage territorial

    Dans l’impression d’étiquettes, l’ancrage territorial est essentiel et Jean-Yves Michel va s’inscrire dans cette dynamique pour développer son entreprise. Sa cible : les vignerons du département. Lorsqu’il reprend Étigraph en 2000, seuls 20 vignerons sur les 220 que compte la Savoie utilisent des étiquettes adhésives. Aujourd’hui, c’est l’exact inverse.

    Fort de cette expérience réussie, l’imprimeur va s’intéresser à d’autres régions viticoles : la Champagne, à partir de 2004, puis la Provence, en 2013. Fin 2023, il rachète imprimerie Technicouleurs établie en périphérie d’Orange et qui emploie sept personnes. Une opération de croissance externe en cohérence avec la stratégie historique d’Étigraph, une entreprise indépendante évoluant au plus près de ses clients.

    Savoir-faire et innovation

    Jean-Yves Michel aime à le rappeler : il n’est pas qu’imprimeur d’étiquettes, il est aussi créateur. Une double expertise qui repose notamment sur sa maîtrise de toutes les techniques d’impression conventionnelle (typographie, flexographie, offset, sérigraphie) et d’ennoblissement (dorure, vernis, gaufrage, foulage, etc.). Et l’impression numérique ? Jean-Yves Michel est longtemps resté sourd aux sirènes cette nouvelle technologie. Mais en 2018, poussé par ses équipes, il a commencé à infléchir sa position. Fidèle à son exigence de qualité, cet ingénieur de formation n’a « pas envie de faire de l’impression quadri basique ». Il veut pouvoir déposer un vernis ou une dorure haut de gamme sur une impression jet d’encre. Avec une activité comprenant 80 % d’étiquettes nécessitant de la dorure à chaud et 40 % intégrant du vernis, il pense pouvoir alimenter et amortir une solution numérique à ces conditions.

    La visite, en avril 2019, en Israël, d’une imprimerie d’étiquettes adhésives ayant le même profil que la sienne et équipée en numérique, finit de le convaincre d’acquérir une presse MGI JetVarnish 3D, couplée à une imprimante Konica Minolta AccurioPress 230. Mais l’arrivée du Covid bouleverse ses plans. Finalement, les machines ne seront installées qu’en mars 2023. Un investissement conséquent pour un objectif ambitieux : décrocher de nouveaux marchés et proposer une solution pertinente pour faire de l’impression variable.

    Montrer pour convaincre

    Il en a été lui-même surpris mais « la qualité de rendu du numérique s’avère parfois supérieure à une impression traditionnelle, en particulier sur la finesse des traits » confie Jean-Yves Michel. « Dans l’équation, il faut aussi ajouter le travail et l’expertise de notre équipe de cinq graphistes, de notre directeur technique et de nos conducteurs qui ont envie d’aller chercher des innovations et des différenciations par rapport à la technique analogique. Une machine performante ne suffit pas. Notre savoir-faire pèse énormément dans la balance pour réussir ces prouesses », tient à préciser le dirigeant.

    Un avis partagé par Régis Ruys, chef de marché Industries Graphiques chez Konica Minolta : « La créativité est clé dans l’ennoblissement numérique. Il faut savoir jouer avec les possibilités du matériel. La machine est en fonctionnement depuis quelques mois et ils sont encore en phase de découverte, tout comme nous. On apprend chaque jour avec notre client, parce que c’est un vrai spécialiste avec de grandes capacités créatives. »

    Étigraph est en effet la première imprimerie française équipée d’une MGI JetVarnish 3D. Il lui a donc fallu faire preuve de pédagogie. Mais la passion de Jean-Yves Michel, fils d’imprimeur, pour les aspects techniques de son métier lui donne des arguments pour convaincre ses clients et ses prospects, parfois sceptiques, de passer au numérique. Il a ainsi gagné le marché des étiquettes du célèbre whisky Label 5, malgré un surcoût de 5 % par rapport à son concurrent, en insistant sur l’importance d’utiliser des matières premières premium pour un résultat plus qualitatif. Le prestigieux Domaine des Ardoisières, en Savoie, et ses étiquettes de vin aux visuels figurant l’argile, le quartz ou le schiste, s’est aussi laissé convaincre par la démonstration de l’imprimeur. De quoi exposer de nouvelles bouteilles dans son showroom.


    Photos : ©IC Le Mag – Cécile Jarry

    Détenteur d’un MBA en Management stratégique (Université Laval, Canada) et d’une Maîtrise de gestion (Paris IX Dauphine), Bertrand Genevi possède dix ans d’expérience dans les médias (L’Express, 20 Minutes) et en agence de communication (Hopscotch).