Monter son entreprise. Développer une plateforme de web-to-print hyper performante. Vendre son projet au leader mondial du secteur. Accompagner la transition pour ses équipes. Partir. Recommencer.
Cette histoire, c’est celle de Fabien Prêtre, de son frère Laurent et des deux autres co-fondateurs d’Easyflyer, Benjamin Bessone et Nicolas Besnard. Une des plus belles success story du web-to-print français, avec plus de 100 collaborateurs et 24 millions d’euros de chiffre d’affaires au compteur. Une belle aventure de dix ans qui s’est achevée à l’été 2019 pour nos quatre mousquetaires du print, date à laquelle le groupe Cimpress a repris la main. Trois ans et demi plus tard, le fameux « Comex » est de retour sur le devant de la scène print, avec un nouveau projet baptisé Fulfiller. La suite de l’histoire, c’est Fabien Prêtre qui la raconte, avec ce franc-parler qui le caractérise.
Normalement, à la fin d’une belle histoire, on lit « ils se marièrent et vécurent heureux jusqu’à la fin des temps ». Mais vous en avez décidé autrement. Le monde du print vous manquait ?
Vous avez raison. Au début, nous n’avions pas l’intention de repartir dans le print. La petite boîte d’Orléans partie de rien qui se fait racheter par le leader mondial de son secteur, l’histoire était belle. Nous avons vendu en 2015, accompagné les équipes jusqu’en 2019 puis nous sommes partis. Avec pour moi une clause de non-concurrence sur toute l’Europe, pendant deux ans. Tout aurait pu en effet s’arrêter là mais tout ce qui se passe aujourd’hui dans le secteur du print, qui est un secteur très vaste, nous a donné envie de remonter une entreprise dans un contexte un peu paradoxal, mais stimulant, pour des adeptes du online et du web-to-print comme nous, avec d’un côté un secteur e-commerce qui se porte très bien et de l’autre une montée en flèche de l’insatisfaction des clients. Ce qui va totalement à l’encontre de ce que nous avons toujours prôné quand nous étions chez Easyflyer. Cela nous a évidemment interpellé, et en octobre 2021 nous avons donc décidé de revenir, de repartir de zéro et de créer Fulfiller.
Par où on commence quand on repart de zéro ?
La techno d’abord. Il n’y a pas de secret, l’impression n’est que le moyen final. L’IT en revanche est au cœur du développement, c’est le moteur sans lequel rien ne peut se faire. La première brique, c’est donc un premier investissement pour monter tout le back-office de notre plateforme. Notre objectif est de faire 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en cinq ans, il faut donc y mettre les moyens.
Ce que nous proposons avec Fulfiller, c’est en fait un énorme hub, comme un aéroport, sur lequel on vient « onboarder » une multitude d’ateliers sur tout le territoire pour pouvoir proposer du « made in Régions ». L’idée finale est de pouvoir faire de la livraison au plus proche du client, et surtout au plus proche du besoin exact du client.
Dix mois de travail acharné ont été nécessaires pour bâtir cette plateforme technologique et pour constituer une première équipe avec du marketing, de la communication, des achats et bien sûr de la relation clients, et nous avons ouvert commercialement le site en juillet 2022.
Fulfiller, c’est un énorme hub sur lequel on vient « onboarder » une multitude d’ateliers sur tout le territoire pour proposer du « made in Régions »
Fabien Prêtre, co-dirigeant de FulFiller
Aujourd’hui où vous en êtes ?
De juillet 2022 à mai 2023, on a fait le premier million d’euros de chiffre d’affaires hors-taxe. De mai 2023 à septembre 2023, on a doublé la mise. Et là, on approche déjà le troisième million, avec 5000 clients environ et 12 personnes pour l’instant dans nos équipes, et nous continuons à recruter.
Vous l’avez compris, le but de Fulfiller c’est d’aller très vite dans son évolution, le principe étant de mettre de l’IT dans les process dès qu’ils deviennent trop compliqués pour progresser rapidement.
Autre point important à rappeler : l’e-commerce, c’est du commerce ! L’objectif est donc toujours le même : c’est l’ultra-satisfaction. Pour nos clients, pour les ateliers qui nous font confiance et pour nos collaborateurs. Dans notre modèle, l’idée est que nos ateliers partenaires restent concentrés sur leur production. Et nous nous occupons du reste. La relation client, le contrôle des fichiers, la captation des volumes. Pour les plus petits ateliers, nous proposons même de gérer la livraison.
Fulfiller dispose aussi de sa propre unité de production, dans le sud d’Orléans. On a racheté un bâtiment de 1000 m2, avec 180 m2 de bureau, ceci pour rester en veille sur les dernières technologies, pour tester aussi de nouvelles idées et pour réaliser tous les projets dits « moutons à cinq pattes », un peu compliqués à faire et à livrer rapidement.
Aujourd’hui, Fulfiller garantit une production 100 % made in France ?
Nous sommes à 90 % sur du Made in France et du Made in Régions, avec toujours un peu de Made in Europe. Avant le Covid, c’était un non-sujet. Aujourd’hui, cette exigence de traçabilité des productions est une vraie lame de fond.
Le paramètre géographique est en effet devenu un critère de choix pertinent car il permet de dynamiser des territoires et de réduire l’impact carbone des productions. Il fait partie intégrante de notre modèle.