Faire du vidéo-mapping un nouveau média de création : c’est l’objectif d’Athem et de son Jam Project
Les grands tours de la Bnf, les voiles de verre de la Fondation Louis Vuitton, la Pyramide du Louvre, le tympan de l’abbaye Sainte-Foy-de-Conques, les moucharabiehs de l’Institut du Monde Arabe, les Invalides, la boutique Lacoste des Champs-Élysées, le projet (E)motion Wim Wenders au Grand Palais, etc., les « lieux » de projection sont prestigieux. Et les réalisations, de par l’intérêt des contenus qu’elles proposent, suscitent à chaque fois l’intérêt du public.
Donner à voir autre chose, et ne pas faire simplement de l’entertainment : c’est dans cet esprit que l’atelier de scénographie Athem a décidé de creuser son sillon dans le domaine des arts visuels et du vidéo-mapping. « Techniquement, tout le monde connaît le principe. Ce n’est pas à proprement parler une nouvelle technologie. En termes de contenu en revanche, nous ne voulons pas faire deux fois le même projet. Notre volonté est d’explorer en permanence de nouvelles pistes », explique Philippe Ligot, son pdg. Une idée louable qui nécessite beaucoup d’énergie et de persévérance de la part des équipes. « On nous demande souvent de refaire le même type d’installation. Pour les institutions culturelles comme pour les marques, c’est toujours difficile d’explorer de nouvelles pistes, de prendre des risques » poursuit Philippe Ligot. Le dirigeant n’est pas prêt pour autant à lâcher l’affaire. Il a pour lui des dizaines de projets de vidéo-mapping réussis, une activité de régie patrimoniale qui tourne bien, un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros et aucun crédit en cours.
DÉAMBULATIONS ARTISTIQUES
Les grands tours de la Bnf, les voiles de verre de la Fondation Louis Vuitton, la Pyramide du Louvre, le tympan de l’abbaye Sainte-Foy-de-Conques, les moucharabiehs de l’Institut du Monde Arabe, les Invalides, la boutique Lacoste des Champs-Élysées, le projet (E)motion Wim Wenders au Grand Palais, etc., ses « lieux » de projection sont prestigieux. Et ses réalisations, de par l’intérêt des contenus qu’elles proposent, suscitent à chaque fois l’intérêt du public.
Pour avoir assisté aux projections en polychromies sur les façades de nos églises romanes, puis être allé plusieurs fois à la Fête des Lumières à Lyon, sans oublier les sorties en famille sur les grands sites abonnés aux traditionnels spectacles son et lumière comme le Puy-du-Fou, on pensait avoir fait le tour de ce qu’il était possible de faire en termes d’installations visuelles et de vidéo-mapping. La dernière exposition Wim Wenders au Grand Palais nous a donné tort. Très loin d’une rétrospective cinématographique classique avec sa trame narrative et ses extraits de films, la création visuelle proposée « exposait » le cinéma de Wim Wenders d’une façon totalement inédite, invitant les visiteurs à déambuler dans les 13 500 m2 de la Nef et à contempler des images de Wim Wenders projetées en taille monumentale sur la splendide architecture des lieux. Douze projecteurs de ultra haute définition avaient été installés dans l’enceinte du Grand Palais pour réussir à créer ce dispositif parfaitement immersif qui recouvrait une grande partie de l’architecture sur toute sa largeur et à 270 degrés. Une installation unique en Europe, conçue et brevetée par l’atelier Athem, scénographe de l’événement. Gratuit, l’événement a accueilli plus de 22 000 personnes.
Autre réalisation, d’un genre différent, celle réalisée pour la Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme (Licra), qui, la veille de l’examen de la loi contre la haine raciale en ligne par l’Assemblée Nationale, a décidé de projeter les chiffres du racisme en ligne sur les colonnes du bâtiment. Un graphique virtuel, réalisé à partir de chiffres bien réels, afin que chacun prenne conscience que le racisme n’est pas une exception à la liberté d’expression mais un délit qui doit être puni par la loi.
UN MODÈLE ÉCONOMIQUE AU SERVICE DE LA CRÉATION
« Le vidéo-mapping est un dispositif redoutablement efficace pour toucher le public », poursuit Philippe Ligot, « mais il a fallu imaginer un modèle économique plus performant pour réussir à le démocratiser ».
Le rapprochement avec la société Skertzo, en 2015, avait déjà donné à l’atelier un sacré background, mais ce n’était pas suffisant. Outre la teneur des contenus, il a fallu résoudre des problèmes de contraintes logistiques et réglementaires lourdes, qui faisaient que le coût d’entrée pour ce type de projet, et le temps nécessaire pour le mettre en place, étaient souvent rédhibitoires.
Philippe Ligot et son équipe ont donc planché sur le sujet et très rapidement, le « Jamion » a vu le jour. Sous ce nom se cache un camion de production high tech, décrit par Athem comme « un dispositif mobile breveté de projection lumineuse autonome, simple, ultra flexible, très économique, puissant et de très haute qualité ».
« Grâce au Jamion, nous sommes opérationnels en quelques minutes, quand avant, il nous fallait des heures. Toutes les procédures concernant les contraintes réglementaires ont été allégées puisque nous n’utilisons plus d’installation fixe. Nous sommes aussi plus respectueux de l’environnement grâce à une source d’énergie autonome. Au final, cela nous a permis de diviser par trois le coût technique d’un vidéo-mapping », résume Philippe Ligot.