« La transformation numérique de notre chaîne graphique est devenue clé pour répondre aux attentes du marché »
Dans le cadre de sa transformation digitale, le groupe ALBÉA (1,2 Mds € de chiffre d’affaires, 12 000 salariés), leader mondial du packaging pour le secteur de la cosmétique, a décidé, il y a trois ans d’engager un projet de transformation de son process « décor » pour raccourcir ses délais de fabrication et gagner en agilité.
Avec plus de 10 000 références à développer par an, à raison d’un décor a minima pour chacune d’entre elles, la maîtrise de sa chaîne graphique est devenue clé pour le groupe qui a décidé de faire appel à ESKO et à ses solutions Automation Engine et Web Center pour optimiser sa gestion de projet et l’automatisation de sa production.
Responsable développement des produits pour l’Europe au sein du groupe Albéa, Valérie Lebelt a été au cœur de cette transformation.
Quelles sont les raisons qui ont poussé Albéa à s’engager dans un projet de transformation numérique ?
Nous avons la chance de travailler dans un secteur extrêmement dynamique, mais qui a aussi été, ces dernières années, extrêmement chahuté. Le développement du commerce digital, l’influence des réseaux sociaux, l’émergence des marques de niche et une concurrence internationale accrue ont fait que le rythme s’est accéléré et que nos marchés se sont retrouvés aux prises avec une incroyable accélération du temps, due à une perpétuelle demande d’innovation de la part du marché.
Là, où il y a encore quelques années, nous avions quelques mois pour développer une nouvelle gamme de packaging avec un nouveau décor, nous n’avons plus aujourd’hui que quelques semaines. Des tubes de dentifrice Colgate, des rouges à lèvres Dior, des pots de crème Lancôme, des tubes de crème pour les mains de l’Occitane ou des gels douche de Caudalie sont développés chez nous. LVMH, Estée Lauder, Coty font partie des grands groupes avec lesquels nous travaillons depuis des dizaines d’années.
Quand on sait que l’on a 10 000 références par an à développer rien que sur l’Europe, et que toutes ont, a minima, un décor, la maîtrise de la chaîne graphique est devenue clé pour répondre aux attentes du marché. Il y a trois ans, nous avons donc lancé un projet de transformation de notre chaîne de développement « décor », en lien avec la transformation digitale du groupe. Il était devenu fondamental pour nous de raccourcir les délais, de fiabiliser nos process et de gagner en flexibilité et en agilité.
Quelles solutions avez-vous décidé de mettre en place ?
Dans le cadre de ce projet de transformation, nous avons décidé d’activer deux leviers principaux et de mettre en place une plateforme web de gestion de projet, via la solution WebCenter d’Esko, et d’autre part de la connecter avec la solution Automation Engine, d’Esko également, pour automatiser nos process. Les deux solutions sont aujourd’hui en production en France et sur nos principaux sites « tubes » en Europe.
Nous avons choisi Esko car nous sommes déjà partenaires : un certain nombre de nos usines sont équipées de solutions Esko. Il était important pour nous, avant même le choix de la solution, de travailler avec une entreprise de dimension mondiale, qui soit en mesure de développer et de déployer ses solutions dans le monde entier. Le groupe Albéa est aujourd’hui présent en Europe, en Asie et en Amérique.
L’autre point important à souligner est que la culture de la conduite de projet chez Esko est similaire à celle d’Albéa, ce qui est indispensable dans ce genre de développement qui nécessite un management conjoint.
« Il était devenu fondamental pour nous de raccourcir les délais, de fiabiliser nos process et de gagner en flexibilité et en agilité »
Quel était le brief de départ ?
Notre objectif premier était de ré-internaliser nos opérations de prépresse, sur le développement décor, en centralisant toutes les opérations au sein d’un département Europe. Nous souhaitions, dans le même temps, optimiser le traitement des tâches administratives et centraliser les données techniques de chaque dossier. Nous voulions aussi que ces solutions soient compatibles avec certains systèmes déjà mis en place dans nos usines.
Enfin, dernier point : les solutions choisies devaient nous permettre de nous projeter dans le futur avec la possibilité de se connecter à d’autres systèmes, comme des caméras de contrôle sur nos machines d’impression par exemple.
L’Europe a été pilote sur ce projet, avec un développement qui court maintenant depuis deux ans. Quels ont été, jusqu’ici, les principaux impacts de ce projet ?
J’en retiens quatre principaux. Le premier concerne clairement l’automatisation des tâches : nous avons diminué par 5 voire 6 le temps administratif nécessaire pour le traitement d’un job, au niveau des opérateurs prépresse, ce qui nous a permis de gagner en capacité au sein du service et de recentrer les opérateurs sur des tâches techniques, qui font appel à leur véritable expertise.
Le deuxième point positif concerne la visibilité sur l’état d’un projet. À tout moment, nous savons à quelle étape nous en sommes, avec une traçabilité détaillée de chacune des tâches du projet.
Le troisième point que je vois concerne l’analyse des données, qui est grandement facilitée grâce à ce système, et qui nous permet de mieux gérer les priorités mais également de mesurer très finement la performance et donc de pouvoir facilement détecter les points où l’on doit apporter des améliorations. Pour résumer, tout cela nous permet d’entrer dans un vrai processus d’amélioration continue.
Enfin le dernier point majeur selon moi est, qu’avec ces solutions, toutes les données d’un projet sont centralisées, ainsi que les données du produit, puisque nous avons connecté cette plateforme web avec notre ERP, en l’occurrence SAP, et nous pouvons remonter dans notre ERP toutes les données descriptives du produit, ainsi que les données de planification de production.
Tout cela nous permet de piloter au mieux le projet dans sa globalité. À moyen terme, en déployant cette solution sur l’ensemble des sites, cela doit nous permettre d’optimiser encore plus le management des portefeuilles et la flexibilité de nos services. L’idée est bien sûr d’avoir une vision juste des tâches en cours et à venir afin d’anticiper au mieux et d’ajuster notre organisation pour faire face notamment aux pics d’activité que l’on pourrait avoir.
Si vous deviez retenir trois modules clés, quels seraient-ils ?
La fonction Viewer qui permet de visualiser et d’analyser les documents. Ce qui est intéressant dans WebCenter, c’est qu’elle est accessible pour tous les utilisateurs et plus seulement les opérateurs prépresse.
La façon dont le Dashboard a été construit est également un atout, avec une prise en main facile et dynamique, et des boutons, des listes ou encore des graphiques qui rendent les informations très lisibles, ce qui nous a permis d’ajuster au mieux les tableaux de bord en fonction des attentes de chaque département.
La fonction Rétroplanning est également essentielle car elle nous permet de planifier les étapes en fonction d’une date, et d’enregistrer en temps réel ce qui a été réalisé. C’est une fonction clé dans notre processus de gestion de projet.
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Envisagez-vous un déploiement plus général de la solution à tous vos sites de production, et notamment aux États-Unis ?
Nous sommes déjà en train de déployer la plateforme sur plusieurs sites en Europe pour couvrir l’ensemble du process de développement du tube. Au tout départ, WebCenter a été pensé pour gérer le développement du décor imprimé, mais nous avons assez rapidement vu l’opportunité d’utiliser cet outil pour gérer le développement de l’ensemble des composants du tube en termes de décor, à savoir le corps du tube qui porte le décor, le bouchon et la tête que laquelle le bouchon est assemblé. Ces trois éléments peuvent être customisés.
Pour les besoins de cette extension, nous avons développé une fonction « rétroplanning de développement » qui nous permet de planifier les tâches mais aussi de tracker la date réelle de leur réalisation. Et puis, nous avons repenser l’interface utilisateur pour avoir une vision du projet à 360° et avoir accès à toutes les informations nécessaires.
En parallèle de tout ce travail, nous travaillons aussi sur le déploiement géographique de tous ces outils. Nous sommes aujourd’hui présents dans 13 pays, avec 18 sites, en Europe, en Asie et en Amérique. La zone Europe est pilote sur ce projet. La prochaine étape concernera nos sites aux États-Unis.
Une arme efficace contre la crise ?
Je dirais oui. Malgré la pandémie, nous avons effectivement maintenu le calendrier de déploiement du projet, ce qui nous a aidé, car cela a contribué à assurer la continuité de certaines opérations, tout en protégeant nos équipes. Nos équipes graphiques, par exemple, ont pu télétravailler tout en accédant facilement aux informations et aux documents de chaque dossier. Et puis la visibilité sur le statut des projets nous a permis de gérer plus facilement les urgences, notamment au début de l’été 2020, en sortie de premier confinement, où nous avons dû faire face à un pic d’activité important.