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    Maurille Larivière (Co-fondateur et directeur – The Sustainable Design School)

    L’idée du design comme nouvelle démarche pour repenser son business modèle fait doucement son chemin en France. À Nice, THE SUSTAINABLE DESIGN SCHOOL est à la pointe dans ce domaine. Depuis 2013, elle forme ses étudiants au design et à l’innovation durable, au service de l’homme. Rencontre avec son directeur et co-fondateur, MAURILLE LARIVIÈRE.

     

     

    La France ne manque pas d’écoles pour former ses designers. Lorsque vous fondez The Sustainable Design School en 2013, qu’avez-vous en tête ?

    Face aux mutations du monde engendrées par les dérèglements climatiques, le design est devenu stratégique pour repenser nos modèles économiques et redonner du sens au business. Quand le groupe L’Oréal annonce, en 2015, à l’occasion de la COP21, qu’il s’engage à compenser par des projets durables les émissions carbone de sa production, c’est un signe fort, surtout pour les pays industrialisés. Il montre que de nouveaux scénarios de développement vont devoir être imaginés. Des scénarios où l’engagement sociétal sera la clé. Je connais bien le monde des écoles et de l’enseignement. J’ai co-fondé l’école Strate et continue à enseigner à l’École Polytechnique. Avec The Sustainable Design School, nous avons souhaité proposer un cursus de formation qui réponde spécifiquement à ces nouvelles attentes et à ces nouveaux enjeux, avec, en guise de fils conducteurs, les 17 objectifs de développement durable définis par les Nations Unies.

     

    Que signifie, pour vous, faire du design en innovation durable ?

    Dans notre école, on ne dessine pas de voiture, on travaille sur la mobilité de demain, ce qui nous permet de répondre à des questions beaucoup plus larges que celle du futur du transport. Faire du design en innovation durable, c’est donc être capable d’avoir une vision holistique d’un projet et de faire preuve d’intelligence collective, tout en prévoyant déjà « le coup d’après ». Je suis intimement convaincu que le designer, par sa capacité à aider les gens à mieux vivre en imaginant, non pas simplement des objets, mais de nouveaux scénarios de développement, est appelé à devenir un acteur clé de nos sociétés. C’est la raison pour laquelle nous ne formons pas des designers spécialisés sur un secteur d’activité. Nous pensons qu’il est plus riche d’ouvrir les horizons de nos étudiants, tout en valorisant leurs talents, afin d’en faire des décideurs de demain.

     

    Comment devient-on designer en innovation durable ?

    Pour devenir designer en innovation durable, notre école propose un cursus européen sur cinq ans. Au cours de ces années, l’étudiant apprend évidemment les fondamentaux de son métier, mais participe également à la création de projets. Pour mieux répondre à la complexité des problématiques actuelles du monde, nous avons voulu une pédagogie transversale, pluridisciplinaire et internationale. Elle est pratiquée sur des projets concrets, proposés par des entreprises qui partagent nos valeurs. Tous les niveaux collaborent ensemble. Le travail d’équipe est essentiel.

     

    Avec toutes ces marques aujourd’hui en quête de sens, vous êtes une vraie terre promise. N’avez-vous pas peur du greenwashing ?

    L’école a la chance de travailler avec de nombreuses entreprises partenaires – Hermès, Toyota, Carrefour, Airbus, Michelin, Decathlon, Thalès, entre autres – avec lesquelles elle construit des partenariats qui lui permettent de proposer entre quatre et cinq projets par semestre à ses étudiants. Le greenwashing est un risque, bien sûr, et nous restons vigilants. Il faut néanmoins voir qu’aujourd’hui près de 90 % des projets sur lesquels nos étudiants ont été amenés à travailler sont confidentiels, car ils viennent nourrir la réflexion stratégique de tous ces grands groupes. On est donc déjà bien au-delà du greenwashing. Toyota, par exemple, a voulu que nos étudiants planchent sur la question de la mobilité pour les personnes âgées et isolées en milieu rural.

     

    Finalement, que viennent chercher les grandes entreprises qui viennent voir vos étudiants ?

    Nos étudiants ont une vision intuitive du monde de demain. Ils ne veulent plus passer le permis, n’ont pas de voiture et préfèrent utiliser Blablacar : ils sont déjà dans les économies de la connaissance et du partage, parce qu’ils sont nés avec le numérique et parce qu’ils aspirent à aider les autres de façon responsable. Voilà ce qui intéresse les grandes entreprises. Notre rôle à nous est de leur donner les clés qui leur permettront de transformer toutes ces bonnes intuitions en projets durables.

    BIO EXPRESS

    Designer et enseignant à l’École Polytechnique, Maurille Larivière est diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Appliqués, Métiers d’Art (ENSAAMA Paris). Il a co-fondé et dirigé l’école de design Strate de 1993 à 2010. Il dirige aujourd’hui The Sustainable Design School, qu’il a créée avec Marc Van-Peteghem, architecte naval, co-fondateur de VPLP Yacht Design, et Patrick Le Quément, ancien directeur du design du groupe Renault, aujourd’hui consultant en design et stratégie et président du conseil scientifique de l’école.

    Cécile Jarry est journaliste, rédactrice en chef d'IC Le Mag, le magazine des industries graphiques et créatives édité par Infopro Digital Trade Shows.