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    Laurence Guichard (Fondatrice & Pdg – LOCOMOTION)

    « Nous mettons notre expertise au service de la compréhension d’un bâtiment »

    Experte en signalétique depuis près de trente ans, Laurence GUICHARD a créé son agence LOCOMOTION en 2008, après plus de quinze ans passés côté fabricant. Un background précieux, sur lequel elle a su capitaliser pour développer une solide expertise et se faire une place sur un marché trusté par une petite dizaine d’acteurs tout au plus. De la Fondation LVMH à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, en passant par le nouveau campus de Science-Po et l’Hôtel de la Marine, elle marque aujourd’hui de son empreinte un grand nombre de lieux prestigieux. Suivons le guide !

    Comment devient-on une experte en signalétique ?

    C’est une bonne question. Il n’y a pas de formation spécifique pour ce métier, qui reste encore assez confidentiel. Nous ne sommes qu’une petite dizaine d’acteurs sur ce créneau en France. Ce qui est d’autant plus surprenant que notre expertise est recherchée et sollicitée, aussi bien par les architectes que les maîtres d’ouvrage ou les designers. Pour ma part, j’évolue dans cet univers depuis près de trente ans, dont plus de quinze ans passés chez un fabricant, où je me suis familiarisée avec toutes les applications de cet univers.

    En créant l’agence Locomotion, j’ai voulu développer ce métier et mettre mon expertise au service de la compréhension d’un bâtiment, avec une approche très pragmatique des choses, basée sur une analyse des flux et une connaissance des comportements, mais aussi une parfaite maîtrise de la loi Handicap du 11 février 2005.

    Hôpitaux, musées, campus, sièges sociaux… vos terrains de jeu sont multiples et variés. Tous s’appréhendent-ils de la même façon ?

    Absolument pas et c’est là tout l’intérêt de notre travail. Dans un musée, le visiteur aime déambuler. Dans un hôpital, il souhaite être rassuré, trouver rapidement son chemin. Un centre commercial fonctionne le plus souvent par zones. Dans un siège social, les enjeux sont encore différents : c’est un espace qui est là pour accueillir des salariés, mais aussi pour communiquer les valeurs de l’entreprise. Mon travail consiste à identifier ces spécificités et à rédiger ce que l’on appelle un programme signalétique, où seront identifiés les flux et les points névralgiques de circulation, les informations à véhiculer, mais aussi les différentes typologies de supports à mettre en œuvre ainsi que leur point d’implantation.

    Dans quelles mesures votre expérience côté fabricant vous aide dans vos missions ?

    Elle est essentielle, car elle me donne cette expertise terrain que mes clients recherchent et apprécient. Au-delà de l’élaboration du cahier des charges, je suis à même de m’occuper de la sélection des fournisseurs potentiels. J’analyse leur offre et je les guide parfois, car je connais bien leurs métiers. Au sein de l’agence, nous sommes en veille permanente, à l’écoute des évolutions du secteur. Nous avons une matériauthèque dans laquelle nous recensons les nouveaux matériaux. Nous nous tenons au courant des dernières innovations. Il est crucial pour nous de conserver ce regard technique qui nous permet de choisir en connaissance de cause les entreprises avec lesquelles nous allons travailler. Notre assurons d’ailleurs le suivi des interventions sur les chantiers.

    Cette maturité technique est également au cœur des relations que nous avons avec les directeurs artistiques, les graphistes, les scénographes ou les muséographes. Pour eux, c’est un vecteur essentiel de leur créativité. De savoir que telle ou telle application est possible débride leur imagination.

    « Pour faire une bonne signalétique, il faut maîtriser une forme de langage à part entière, qui allie à la fois un mot, un sens et un pictogramme. L’objectif premier est de lever tous les doutes pour bien orienter »

    Finalement, votre rôle ressemble beaucoup à celui d’un maître d’œuvre ?

    Nous sommes effectivement à la confluence de beaucoup d’expertises et de savoir-faire et notre mission est de réussir à orchestrer tout cela et de faire en sorte que chacun emprunte la bonne voie. Nous intervenons d’ailleurs de plus en plus souvent en amont des projets, pour harmoniser toutes les formes de signalétique qui habillent un lieu.

    La signalétique est une discipline plurielle : elle combine la signalétique d’orientation, la signalétique réglementaire et sécuritaire – pour laquelle on essaie d’avoir une réflexion graphique – et la signalétique de niveau. La loi Accessibilité nous contraint également dans le choix des polices de caractères, les hauteurs ou la numérotation en relief, mais ce sont là autant de nouveaux défis à relever qui rendent notre métier si passionnant.

    Quelles sont les caractéristiques d’une bonne signalétique selon vous ?

    Une bonne signalétique, c’est une signalétique qui ne vous fait pas douter. Pour laquelle vous n’avez pas besoin d’une confirmation. Qui n’a pas posé un jour cette question : « La sortie, c’est bien par-là ? ». Pour faire une bonne signalétique, il faut maîtriser une forme de langage à part entière, qui allie à la fois un mot, un sens et un pictogramme. L’objectif premier est de lever tous les doutes pour bien orienter.

    J’ai aussi coutume de dire qu’une bonne signalétique est une signalétique qui ne se voit pas, qui se fond dans le décor et qui vit avec le bâtiment. Pour l’Hôtel de la Marine par exemple, nous avons choisi de proposer des solutions de signalétique inédites, qui respectent la table des matières des lieux, avec du bois, de la pierre et du cuir. Notre exigence était aussi qu’elles soient le moins invasives possibles, afin de respecter le patrimoine. Pour la signalétique des appartements par exemple, il a fallu réaliser une signalétique à la fois visible et discrète, sans possibilité aucune de fixations mécaniques ou collées, les lieux étant recouverts de tapisseries, de boiseries et de miroirs classés. Le choix a été fait de suspendre la signalétique des appartements aux portes, elles-mêmes classées. Des plaques ont été réalisées en médium laqué dans le ton dominant de la porte restaurée, puis suspendues par des lanières en cuir faites sur-mesure. Au dos des portes, un contrepoids lui-même traité en argent chaud contrebalançait l’ensemble pour permettre à la plaque de rester en position sans aucune fixation, ni dégradation du support. Passionnant non ?


    Fondée en 2008 par Laurence Guichard, LOCOMOTION est une agence de signalétique installée à Paris. Dans son équipe : des architectes et des graphistes, mais également des concepteurs partenaires de grand talent (graphistes, designers, muséographes), de façon à satisfaire pleinement les exigences de ses clients.

    Cécile Jarry est journaliste, rédactrice en chef d'IC Le Mag, le magazine des industries graphiques et créatives édité par Infopro Digital Trade Shows.