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    Jean-Yves Grandidier, fondateur de l’atelier de sérigraphie Lézard Graphique,

    Jean-Yves Grandidier (Fondateur – Lézard Graphique)

    Imprimeur, sérigraphe, conseiller technique, créatif… Jean-Yves Grandidier, fondateur de l’atelier de sérigraphie Lézard Graphique, est un prestataire « à l’ancienne » qui n’a jamais été autant d’actualité. Fidèle depuis toujours à ses principes de travail, il incarne mieux que quiconque le renouveau de la sérigraphie, technique d’impression qui s’offre aujourd’hui une seconde jeunesse.

     

     

    LE CONTEXTE

    La sérigraphie revient sur le devant de la scène. Après un âge d’or où même les affiches 4×3 étaient imprimées en sérigraphie, cette technique est tombée en désuétude, ringardisée par l’impression numérique dont on a pu penser, à tort, qu’elle remplacerait toutes les autres solutions d’impression. Pourtant, certains clients très exigeants, notamment dans le monde du luxe, sont toujours restés fidèles à la sérigraphie (pour des besoins en PLV par exemple). Et de nombreux artistes, parfois très célèbres, se tournent à nouveau vers la sérigraphie. Une renaissance qui s’explique par un retour à la qualité, au « toucher » du produit, à la couleur parfaite… dans un contexte où les marques ont un besoin impérieux de sortir du lot, de « dénoter ». C’est auprès d’imprimeurs comme Lézard Graphique que les annonceurs audacieux trouvent l’expertise, le conseil et ce « grain de folie » qui valorisent leurs campagnes et produits.

     

    LE LÉZARD

    « J’ai créé Lézard Graphique en 1979. Nous sommes un atelier d’impression sérigraphique et nous avons introduit l’impression numérique dans notre activité depuis une dizaine d’années. En sérigraphie nous n’imprimons qu’à plat – ni volume, ni textile – mais sur tous supports. Notre petite taille est une force car elle nous offre de la souplesse et une très grande réactivité face aux demandes des clients. Nous travaillons beaucoup avec le secteur culturel (musées, salles de spectacle vivant), avec des graphistes et des artistes (Tomi Ungerer, Robert Combas), mais également pour des grands comptes issus de la grande distribution, de la banque ou du prêt-à-porter… Nous aimons les moutons à cinq pattes, les projets qui sortent de l’ordinaire, les demandes originales.

    Les gros imprimeurs ont uniformisé leur production. Idem pour les fournisseurs d’encre et de papier. Mais chez Lézard Graphique, nous avons fait le choix de rester artisan, de ne pas grossir, de se concentrer sur des niches et de s’amuser avec des produits hors-normes. Nous sommes capables de travailler pour la grande distribution le matin et avec un artiste l’après-midi. Il nous faut jouer sur nos forces et nos spécificités. Le numérique ne permet que la quadri, mais la sérigraphie permet de jouer avec la couleur. C’est un art qui demande de la créativité, de la réflexion ».

     

    VALEUR AJOUTÉE

    « Si des artistes et graphistes de renommée internationale travaillent avec nous, ce n’est pas juste pour nous envoyer un fichier à imprimer. Nous sommes toujours partie prenante du projet, nous jouons pleinement notre rôle de conseil. Il y a encore 25 ans, toute agence de pub moyenne avait un chef de fabrication. Aujourd’hui, même chez les plus grosses agences, il n’y en a plus. Seuls les graphistes expérimentés sont sensibles aux questions techniques. Mais trop d’imprimeurs se sont tiré une balle dans le pied en laissant tomber cette expertise. Certains fournisseurs de papier n’envoient même plus leurs produits originaux aux imprimeurs car ils savent qu’ils finiront à la poubelle, la plupart ne voulant surtout pas s’embêter à devoir reprogrammer leurs machines. Les échantillons arrivent donc directement chez les clients finaux. Comme je l’explique aux étudiants en école d’art : “Emmerder vos imprimeurs, c’est vous le prescripteur”.

    Pourtant, sublimer le papier, ce n’est pas ajouter des artifices technologiques, mais bien trouver une adéquation parfaite entre le papier, l’image, et la destination du produit fini. Nous demandons par exemple d’obtenir, avec le fichier PDF, un fichier natif pour pouvoir intervenir dessus, car une image peut toujours être adaptée au mieux à notre technique d’impression. Nous faisons également de la photogravure pour les catalogues des maisons de prêt-à-porter avant qu’ils ne partent en impression offset, un service qui n’existe plus du tout en France aujourd’hui. Cette expertise et ces conseils servent la qualité. Quand vous prenez votre produit en main, il faut qu’il y ait une sensualité ».

     

    LE RENOUVEAU

    Je suis un pur autodidacte : à l’époque où j’ai commencé, le niveau de qualité était inférieur, on pouvait donc faire ses armes sans trop de dommages. Aujourd’hui, sans matériel et sans compétences, il est très difficile de débuter en sérigraphie. Pourtant, je constate un vrai renouveau de la discipline, porté notamment par la microédition et le secteur culturel. Dans les écoles d’art, les ateliers de sérigraphie sont pris d’assaut par les étudiants. Ils produisent, ils apprennent, ils créent… Sur internet, beaucoup de vidéos tentent de démocratiser les techniques et certains ouvrages sur le sujet connaissent un succès impressionnant. Et chez Lézard Graphique, nous accueillons entre 10 et 15 stagiaires par an. Je crois au métier de sérigraphe. Il y aura toujours de la place pour des petites structures artisanales qui proposeront de la qualité, de la créativité et de l’originalité. »

    Lézar Graphique Coq © Ionna Vautrin
    Le coq hardi, déguisement pour enfant réalisé par la designer Perrine Vigneron, en collaboration avec Gilles Belley, pour l’exposition « Le Bestiaire », lors de la Biennale internationale du design de Saint Etienne 2015. Impression : Lézard Graphique. © Ionna Vautrin
    Lézar Graphique Tigre

    Cécile Jarry est journaliste, rédactrice en chef d'IC Le Mag, le magazine des industries graphiques et créatives édité par Infopro Digital Trade Shows.