Àl’instar d’autres secteurs industriels, le monde du packaging a été pendant longtemps assez compartimenté : fournisseurs de matières premières, fabricants, conditionneurs, agences, marques…. Mais à l’aune de l’urgence climatique et des injonctions de plus en plus nombreuses et contraignantes des consommateurs et des autorités publiques en faveur d’un « juste emballage », le bel écosystème vacille sur ses bases, obligeant les industriels à concevoir ensemble des solutions inédites pour produire mieux.
Dans ce contexte, Texen, pionnier de l’emballage cosmétique durable, a eu la bonne idée : initier un débat sur les nécessaires métamorphoses du secteur en invitant autour de la table ses pairs et ses collaborateurs. Rémi Weidenmann, le directeur général de Texen, Denis Paccaud, son directeur de l’innovation et Benoit Heilbrunn, docteur en sciences du management et professeur à l’ESCP Business School ont animé les débats, devant un parterre d’experts et d’industriels.
Un site dédié et une version papier intitulée « Métamorphose(s) du Packaging » ont été édités pour permettre aux échanges de se poursuivre. Rédigés avec le soutien du magazine d’Usbek & Rica, les contenus égrènent en quelques rubriques, non pas des solutions, mais des pistes de réflexion sur ce que pourrait être le packaging du 21ème siècle. L’expérience consommateur et les changements de paradigmes, le débat réglementaire, la guerre des matériaux et celle du recyclage sont autant de sujets de fond à découvrir dans ces publications.
Au cours de ces dernières années, Texen, acteur majeur du packaging luxe et beauté, a connu un recentrage significatif de son positionnement. Née dans la Plastic Vallée en 1984, la marque ne parle plus seulement de plastique, mais plutôt de de matières nouvelle génération, avec l’objectif de devenir leader mondial de l’éco-transition dans le domaine du packaging. Sa feuille de route s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue sur l’ensemble des axes RSE, avec l’édition d’un rapport RSE en 2021.
Adossée aux objectifs de développement durable de l’ONU et motivée par le plan Ambition 2023, sa politique RSE s’articule autour de trois piliers : proposer des packagings éco-responsables en accompagnant 100 % de ses offres d’une alternative éco-conçue, placer les salariés au centre de la transformation et agir de manière éthique et responsable.
EcoVadis Silver en 2020, Gold en 2021, Texen a reçu la note Platinum en 2022, ce qui place le groupe PSB Industries, propriétaire de la marque Texen, dans les 1 % des entreprises les mieux notées de son secteur. Le groupe bénéficie aussi du label MORE (Mobilisés pour Recycler) décerné par la Fédération de la Plasturgie et des Composites. Ce label est décerné aux industriels qui sourcent des matières recyclées. Son nouvel objectif : obtenir la notation B au CDP Climat en baissant de 10 % ses émissions carbone notamment grâce à la transformation de matières recyclées ou biosourcées.
En interne, une Cellule Innovation, pilotée par Denis Paccaud s’active. Dans un contexte de transition écologique où les marques écrivent les codes d’un nouveau luxe, Texen prend ses responsabilités de leader et souhaite jouer un rôle majeur dans la transformation du monde de l’emballage. Son approche auprès de ses clients repose sur un mode collaboratif. En initiant un débat sur les métamorphoses nécessaires du secteur du packaging avec ses pairs, il conforte son modèle. Denis Paccaud nous raconte la suite de l’histoire.
En termes d’écoconception, Texen a déjà de belles réalisations à son palmarès, avec Chanel notamment ou encore Stella Mc Cartney. Grâce la Cellule Innovation que vous pilotez, le groupe dispose, qui plus est, de nombreuses expertises qui confortent son leadership sur le marché. Et pourtant, vous avez décidé d’ouvrir le débat avec vos pairs. Pour quelles raisons ?
La réalité aujourd’hui est qu’il n’est plus possible de faire cavalier seul dans la mesure où l’écosystème industriel dans lequel nous évoluions jusqu’ici, est voué à disparaître. Pour pouvoir proposer ce que l’on appelle un « juste emballage », nous devons en effet construire un nouvel écosystème, parfaitement circulaire, et donc repenser toutes les étapes de la production d’un packaging jusqu’à sa fin de vie et/ou sa réutilisation. Dans ce contexte, les règles de la compétition changent car il nous faut imaginer et concevoir ensemble les solutions pour l’avenir de nos métiers. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’ouvrir le débat avec nos pairs mais aussi nos salariés car cette transformation ne pourra pas se faire sans eux et sans les entreprises. Ce sont des changements fondamentaux qui demandent beaucoup d’investissements financiers mais aussi humains.
Travailler avec des matières recyclées ne se fait pas sur un claquement de doigts, il faut parfois réapprendre son métier. Nos équipes, qui ont le souci de la qualité, doivent donc être accompagnées dans cette démarche. Ce document que nous éditons leur est donc aussi destiné pour qu’elles perçoivent tout le bien-fondé de notre stratégie et qu’elles puissent l’accompagner en ayant toutes les cartes en mains. Placer nos salariés au cœur de la transformation de nos métiers fait partie de nos objectifs en termes de développement durable.
Dans ce premier opus, on ne trouve aucune réponse toute faite. Vous avez préféré explorer plusieurs pistes.
Oui, tout simplement parce que les réponses toutes faites n’existent pas quand on parle de RSE. C’est un sujet mouvant pour lequel il faut rester agile. On apprend tous les jours. Nous balayons néanmoins beaucoup de sujets pour stimuler la réflexion. Cela va du vrac aux emballages connectés en passant par les technologies de recyclage, les nouveaux mix matières ou encore l’analyse de l’évolution du comportement des consommateurs. Nous avons suivi plusieurs chemins avec nos experts.
Une question sur le plastique. « Le plastique est mort, vive le plastique ! » est le titre de l’article que vous proposez. Quelles sont les perspectives ?
Cet article a le mérite de prendre un peu de hauteur sur ce sujet, de redonner les bons ordres de grandeur et de nous expliquer quelles sont les perspectives en termes de recyclage et revalorisation de cette matière. Emmanuel Ladent, le directeur général de la biotech française Carbios, nous explique ainsi que pour la première fois, il devient possible de recycler des matières plastiques en nouvelles matières plastiques, et de le faire sans tri préalable minutieux. On parle d’une circularité quasi parfaite, de l’ordre de 97 %, avec une qualité de matière exceptionnelle. De Nestlé Waters à Pepsi, de nombreuses marques sont déjà sur les rangs. En juin 2021, L’Oréal a sorti le premier flacon cosmétique réalisé avec ce procédé.