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    Sols personnalisés

    Les sols personnalisés : un nouveau terrain de jeu

    Au-delà de la simple signalétique, l’utilisation d’une communication par le sol permet de créer une ambiance, voire un véritable univers. Vinyles, PVC et même moquettes : grâce aux techniques d’impression, toute une palette de solutions décoratives s’offre aujourd’hui aux architectes, aux designers et aux marques. Décryptage.

    Armani, Dior, Chanel, Missoni, Radisson Red, Mercedes, Sheraton… Toutes ces marques ont un point commun : avoir eu la bonne idée de personnaliser les sols, de leur siège social ou de leur dernier établissement, avec du Bolon. Cette marque suédoise propose un revêtement spécifique, en vinyle tissé, composé de fils thermo-soudés, et désigné par les plus grands, de Jean Nouvel à Cappellini. « On a longtemps relégué les sols au second plan dans les projets de décoration. Cependant, les choses changent. Ils s’imposent désormais comme de véritables solutions décoratives. Depuis dix ans, nous développons la personnalisation, soit avec des incrustations, soit avec des découpes », indique Marie-Noëlle Plassard, directrice d’Artepy, distributeur exclusif du Bolon en France.

    © Bolon

     

    REVÊTEMENTS HAUTE-COUTURE

    Une personnalisation qui a contribué à faire du Bolon un véritable article de mode, avec des collections identifiables, comme la « Bolon by Missoni » et ses motifs de chevrons. La marque sélectionne un motif et joue ensuite avec les couleurs des fils de chaîne et de trame, le sens des poses, le type de tissage… D’infinies possibilités s’offrent alors à l’architecte, en termes de personnalisation et de spatialisation, même pour de petits volumes. « Nous proposons une offre sur-mesure, à partir de 50 m2. C’est une approche à l’image de l’esprit haute couture, ce qui nous différencie de nos concurrents », souligne la directrice d’Artepy. Et si autrefois, on privilégiait les tons neutres qui disparaissaient dans l’espace, aujourd’hui, on ne craint plus de donner de la vie au sol. Une tendance qui a fait naître toute une nouvelle génération de produits.

    « Nous avons lancé, en 2015, notre ligne Arkit, une gamme de revêtements de sol en PVC qui ont pour caractéristique d’être recouverts de motifs réalisés à partir de croquis de designers. Le décor est imprimé sur un film PVC par héliogravure, puis les différentes couches sont thermo-soudées. Ce qui donne des dalles de PVC », explique Marie-Noëlle Plassard. L’idée d’Arkit consiste à faire quelque chose de beau, coloré et accessible, qui casse les codes classiques du revêtement de sol. Un peu moins cher que le Bolon, il permet de compléter l’offre d’Artepy. « En général, on met du Bolon dans les halls de réception et les bureaux de la direction, et les produits Arkit ailleurs ».

     

    « On a longtemps relégué les sols au second plan dans les projets de décoration. Ils s’imposent désormais comme de véritables solutions » Marie-Noëlle Plassard, Artepy.

     

    Les revêtements de sols souples deviennent de précieux auxiliaires pour les décorateurs, car ils facilitent la délimitation des espaces et, au-delà, permettent désormais de personnaliser des lieux en fonction de leurs occupants, leur localisation, leur activité ou leur histoire. « Le sol devient un élément incontournable de la décoration intérieure. Il crée l’ambiance d’une pièce et installe une atmosphère, explique Vincent Déchaud, chargé d’affaires prescriptions Sud-est pour Dickson Constant. Dans cette optique, les nouvelles gammes Dickson Flooring ouvrent une grande liberté créative pour des revêtements de sol en Vinyle tissé. L’originalité et la spécificité du décor tiennent aux réfractions de la lumière avec le tissage et à la composition du sol, avec le panachage des couleurs et de formes différentes tels que les dalles, les carrés losanges, les lames et autres hexagones ».

    C’est en 2017 que la marque a développé une collection innovante, en s’inspirant des nouvelles tendances graphiques. Riche de six textures différentes, avec une offre de 42 coloris, la gamme Dickson offre la possibilité d’agencer des espaces avec une seule et même référence, tout en jouant avec les formes pour un aspect graphique et contemporain. « Le but étant de laisser libre cours à l’imagination, pour mixer les références, créer des rythmes, des perspectives et des reflets qui transformeront les intérieurs. Il s’agit de combiner habilement performances techniques et design », ajoute Vincent Déchaud.

    © Dickson Constant

     

    LE PVC DEVIENT CHIC

    Longtemps délaissé par les créatifs, le sol est devenu un puissant média de communication pour les marques. Le secteur de l’hôtellerie s’inscrit fortement dans cette évolution. « Dans les années 1980, les grandes enseignes hôtelières disposaient de la même décoration, du même mobilier, dans chaque établissement. C’était rassurant pour le voyageur de se retrouver dans un lieu identique de ville en ville, de pays en pays. Aujourd’hui, l’époque est à la recherche d’identité propre pour chaque espace d’accueil de vie, de travail ou de loisir. Chaque espace devient unique, analyse Vincent Déchaud. Avec des clients qui voyagent de plus en plus et disposent de ce fait de points de comparaison plus exigeants, les responsables d’hôtels se doivent d’innover beaucoup plus régulièrement dans leur décoration et se distinguer pour marquer les esprits. Et la concurrence économique renforce ce besoin identitaire, jusque dans la promotion sur le web et les réseaux sociaux ». Certains établissements haut de gamme font même appel à des spécialistes de la mode, comme Chantal Thomas ou Christian Lacroix, pour décliner sur l’ensemble des espaces une thématique de décoration. Bilan : dans le neuf ou la rénovation, avec des budgets modestes ou pharaoniques, les revêtements de sols participent largement aux propositions décoratives globales des designers et architectes.

     

    « Les responsables d’hôtels se doivent d’innover beaucoup plus régulièrement dans leur décoration et se distinguer pour marquer les esprits » Vincent Déchaud, Dickson Constant.

     

    Mais si les projets sont séduisants, encore faut-il réaliser les travaux rapidement, afin de préserver le chiffre d’affaires des clients. Pour des relookings par le sol, des matériaux pratiques, comme le lino, font leur retour. Idéal pour des stands, le lino PVC se démocratise en grand format, à l’image de ce que propose la société Beltex, qui distribue une gamme spécifique de linos avec trame polyester, disponible en laizes de 1,6 à 5 mètres. Une solution particulièrement intéressant pour les standistes, qui peuvent personnaliser leurs espaces sans raccord. « Nous proposons, pour les espaces événementiels, le produit Print Floor de la marque Endutex, en impression UV, Latex ou solvants. Pour les lieux durables et à forte fréquentation, comme les restaurants, les bureaux, les hôtels, ou la GMS, nous avons un produit spécifique, le G Floor : un PVC cristal traité antiglisse et ignifugé qui est imprimé en impression miroir avec blanc de soutien pour des applications à long terme », détaille Marc Breitenstein, fondateur de Beltex.

    © Beltex

     

    LA RÉVOLUTION DE L’IMPRESSION NUMÉRIQUE

    Pour certaines marques, le défi consiste à conserver leur identité, et notamment leur couleur, jusqu’au sol. Le rouge de Clarins ? Le bleu de Sarah Lavoine ? Le orange de… Orange ? Pour y parvenir, il faut passer au numérique. Cette technologie d’impression offre un rendu colorimétrique très intense, avec des aplats denses et uniformes. Grâce au numérique, les couleurs spécifiques des marques se retrouvent sur des sols PVC. Les clients sont séduits et les commandes s’accélèrent : « Depuis le 1er janvier, nous avons traité plus de 8600 fichiers ! Nous repoussons les limites avec le numérique et les clients en sont conscients. Nous avons même réalisé des décors de scène au sol, en imprimant sur des tapis de danse », indique Fabrice Godard, directeur commercial de l’imprimeur grand format Figarol.

    © Figarol

    Même enthousiasme chez le géant du revêtement de sol Tarkett, qui vend 1,3 million de m2 par jour. « L’impression numérique offre des possibilités infinies. Nous ne sommes plus liés à la circonférence d’un cylindre. Nous pouvons jouer avec 40 ou 50 planches et traduire les décors de manière très réalistes. La restitution devient beaucoup plus naturelle, explique Florian Bourgault, directeur artistique de Tarkett. De plus, en numérique, nous pouvons produire sur du Vinyle à partir de 70 m2, là où sur des rouleaux cela démarre à partir de 1000 m2 ».

     

    « En numérique, nous pouvons produire sur du Vinyle à partir de 70 m2, là où sur des rouleaux cela démarre à partir de 1000 m2 » Florian Bourgault, Tarkett

    © Tarkett

    Convaincu du potentiel du marché de la personnalisation des sols, Tarkett a ouvert l’an passé un atelier spectaculaire à Paris, dans le Marais. Un lieu entièrement pensé pour les architectes et designers. Ici, le Vinyle signe son retour en grâce, avec des collections colorées et audacieuses. « Les nouveaux Vinyles n’ont rien à voir avec ce que nous connaissions auparavant. Leur finition se rapproche de plus en plus des effets bois nervurés, de l’ardoise, voire des carreaux céramiques. Aujourd’hui, les différences sont quasi indétectables », estime Florian Bourgault. Exemple avec « Mixonomie », la collection de vinyles modulaires de Tarkett, qui se décline en 33 coloris et 10 formes originales. Une exhaustivité sur laquelle mise Tarkett, notamment dans le secteur du retail, où il devient impératif de séduire le consommateur pour le convaincre de se déplacer en magasin. « D’où l’idée de changer les décors plus souvent, de mixer les matériaux, de créer des magasins instagrammables, à l’image de la boutique parisienne Merci, qui change d’apparence tous les trois mois », analyse le directeur artistique de Tarkett.

    L’obsession de l’expérience client est de mise aujourd’hui. Une expérience qui doit être agréable, unique et qui raconte une histoire. Et pourquoi pas en utilisant la 3D ? « Nous l’avons déjà fait pour des défilés de mode, affirme Fabrice Godard, de Figarol. Nous avions imprimé au sol des repères, qui n’étaient visibles que pour les porteurs de lunettes spéciales et qui faisaient ressortir des effets pour sublimer le défilé. On avait notamment l’impression que les mannequins marchaient sur l’eau ». Reflets de matières, jeux de lumière, découpes de formes… Tous ces effets se retrouvent aussi dans… la moquette, qui revient également au goût du jour.

     

    LA MOQUETTE FAIT FORTE IMPRESSION

    Pour la théâtralisation des entrées de magasins, certaines marques font ainsi appel à des experts, comme Borney, pour de la moquette personnalisée. A l’origine spécialiste de la fabrication de drapeaux, banderoles et mâts, l’entreprise s’est tournée vers ce nouveau marché à fort potentiel. « Nous proposons des produits non tissés 100 % polyester en 300 gr/m2, avec une sous couche anti-dérapante de 600 g/m2 en 150 cm de laize. Cette moquette s’imprime en impression numérique par sublimation », précise Philippe Peigney, directeur marketing et commercial de Borney. De nouvelles solutions qui inspirent de nouvelles mises en scène. Comme sur le salon Print In Progress, où les organisateurs avaient fait appel à Borney, dont les deux visuels qui reprenaient des déclinaisons du Pantone ont immédiatement créé l’attraction.

    © Arnaud Brassac

    « Tout devient possible. La moquette que nous proposons aujourd’hui est imprimée en sublimation, technologie écologique avec des encres à base eau, et sur des laizes de 5 mètres » Fabrice Godard, Figarol.

     

    La personnalisation maximale est de mise avec les moquettes, qui deviennent modulaires et permettent une plus grande créativité, en mixant les planks et les dalles. Le sol joue ainsi les frontières imaginaires et crée des zones ludiques : dessins, faux-unis, trompe-l’œil… « Tout devient possible, soutient Fabrice Godard. Jusqu’à présent imprimée en UV, avec les nombreux inconvénients que cela implique (faible densité des couleurs, odeurs désagréables, tenue fragile des encres), la moquette que nous proposons aujourd’hui est imprimée en sublimation, technologie écologique avec des encres à base eau, et sur des laizes de 5 mètres ».

    Mais la moquette en a encore sous le pied. Au Google Custumer Experience Center de Singapour, elle devient signalétique lumineuse ! Des LEDs dernier cri sont intégrées dans le revêtement et illuminent le sol. Raccordée à l’infrastructure électrique et informatique du bâtiment, cette « moquette » se synchronise ensuite avec le système de gestion et exécute des affichages lumineux préprogrammés (messages, visuels). Inédite, cette innovation brevetée, baptisée Luminous Carpet, est issue des recherches du groupe Philips et de la marque Desso (groupe Tarkett). Une idée lumineuse…

    © Luminous Carpet