Stratus Packaging, Labelys Groupe ou encore Alliance Étiquettes : ces derniers mois, les titans de l’étiquette enchaînent les annonces de rachats d’entreprises. Si le phénomène n’est pas nouveau au sein de la filière, il s’ancre durablement dans le paysage. Tour d’horizon d’un marché toujours plus concentré, qui lorgne aussi au-delà de nos frontières.
L’essentiel des acteurs de l’étiquette sont des entreprises de taille modeste. Selon l’UNFEA, les deux tiers d’entre eux réalisent moins de deux millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. A l’autre bout du spectre, 4 % des entreprises compilent 50 % du chiffre d’affaires global de la filière. Cette tendance à la centralisation des revenus ne devrait pas faiblir au cours des années qui viennent, bien au contraire. Car, à la manière de l’imprimerie de labeur quelques années en arrière, la concentration du marché fait son œuvre dans l’étiquette.
VISÉE INTERNATIONALE
Plusieurs rachats d’envergure ont été conclus au cours des six derniers mois. En mars dernier, le groupe français Stratus Packaging s’est offert Décomatic, une entreprise iséroise d’une centaine de salariés spécialisée dans la fabrication d’étiquettes pour les secteurs de l’automobile, de la chimie et du médical. Avec cette acquisition, Stratus Packaging compte désormais huit sites de production en France et en Suisse, pour 90 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Pour assurer leur développement, les imprimeurs français regardent aussi vers l’étranger. En avril 2023, Labelys Groupe a racheté une entreprise espagnole, Graficas Tomelloso, spécialisée dans la fabrication d’étiquettes adhésives pour le marché du vin. En fin d’année dernière,Alliance Étiquettes a acquis l’imprimerie italienne Tonutti Tecniche Grafiche, aux 21 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Cette première opération à l’international offre au groupe de nouveaux marchés, en l’occurrence ceux du vin italien et du Prosecco.
MOUVEMENT VERTUEUX
Si la concentration du marché s’opère un peu plus chaque année, elle ne semble pas s’accélérer pour autant. « On ne constate pas plus de mouvements ces dernières années. Leur nombre est stable. La filière a surmonté les crises successives sans problème majeur, aucune entreprise n’est aux abois, donc les valorisations sont hautes et les opportunités de rachat deviennent moins évidentes », analyse Pierre Forcade de l’UNFEA. En revanche, les grands groupes d’imprimeurs sont toujours en quête d’opportunités de croissance externe pour affirmer leur leadership sur le marché. « Les rachats profitent aux deux parties, affirme le délégué général. Pour les entreprises acquises, cela encourage l’investissement et l’arrivée de nouveaux clients. De leur côté, les groupes acquéreurs gagnent une légitimité industrielle, parfois sur le plan international, et engrangent de nouvelles expertises. » Le groupe Inessensa acquis Haas Étiquettes en 2019. « Quand nous rachetons un imprimeur, nous intégrons un savoir-faire spécifique, susceptible d’apporter une valeur ajoutée à notre structure. Haas Étiquettes, avec sa longue expertise de la sérigraphie, correspondait à nos attentes, car ils ont développé des milliers de couleurs propres au secteur cosmétique », confirme Christelle Dubois, directrice marketing.