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    Créativité durable : nouvelles entrées en matières

    Les discours ont évolué. Il y a quelques années, indiquer en bas de la plaquette de son entreprise qu’elle avait été imprimée sur un papier issu de forêts durablement gérées pouvait suffire à faire de vous un acteur vertueux du développement durable. Plus maintenant. Entrent désormais dans l’équation l’origine du papier bien sûr, mais aussi son lieu de fabrication, le chemin qu’il a parcouru pour arriver sur les presses de l’imprimeur, la méthode d’impression choisie, l’énergie qu’il a fallu dépenser pour produire cet imprimé, les conditions de travail des salariés de l’atelier et l’usage qui sera fait de ce document.

    Utiliser un papier certifié FSC, c’est évidemment indispensable. Mais si l’impression est faite en Chine, difficile de parler de communication durable. Même combat pour les supports recyclés. Une campagne réalisée sur une bâche en polyester recyclé dont le fil arrive de Corée relèvera plus du greenwashing que d’une vraie démarche de durabilité. Idem pour une affiche imprimée sur un beau papier recyclé qui aura été fabriqué dans un pays à la production d’énergie très carbonée, avant de traverser toute l’Europe pour arriver dans un atelier français.

    « Éco-concevoir un imprimé est un travail d’équilibriste, une balance constante entre l’écoresponsabilité, le budget et les contraintes inhérentes à chaque projet », résume Camille Poulain, fondatrice de l’agence Lichen, spécialisée dans la création éditoriale éco-concue.

    « Éco-concevoir un imprimé est un travail d’équilibriste, une balance constante entre l’écoresponsabilité, le budget et les contraintes inhérentes à chaque projet », résume Camille Poulain, fondatrice de l’agence Lichen, spécialisée dans la création éditoriale éco-concue. Éco-concevoir un projet de communication, un imprimé ou une PLV, c’est interroger l’usage qui en sera fait, jusqu’à sa fin de vie, afin de choisir les meilleures options au moment de sa fabrication et d’éviter de stigmatiser systématiquement telle ou telle matière. « Pour pouvoir parler d’écoconception, il faut avoir une vision complète du cycle de vie d’un produit », confirme Fabien Régudy, directeur commercial et marketing du fabricant français de textiles enduits Saint Clair Textiles.

    Se posent, en creux, des questions importantes concernant les usages, mais aussi la traçabilité des productions, à l’instar de ce qui existe déjà dans le secteur de l’agroalimentaire. Un vaste sujet qui ne manquera pas de faire couler beaucoup d’encre dans les années à venir, poussé notamment par l’évolution de la législation en termes de gestion des déchets. C’est le sens de l’histoire : le système des bonus-malus mis en place par les éco-organismes est là pour en témoigner. Et il y a fort à parier que demain, Citeo et d’autres exigeront davantage de garanties et de précisions concernant les qualités à recycler, sous peine d’introduire de nouvelles taxes.

    Plus largement, en France, les pouvoirs publics poussent les entreprises à agir, en promulguant des réglementations de plus en plus strictes. Grenelle 2, loi Vigilance, loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte, loi Climat, loi AGEC : la pression législative est bien réelle. S’y ajoute désormais celle des autres parties prenantes, avec notamment un renforcement des exigences des donneurs d’ordres, qui sollicitent davantage leurs fournisseurs sur leur démarche RSE. Selon l’étude RSE : la parole aux fournisseurs, menée par Bpifrance, PwC et l’Observatoire de la RSE, 79 % des PME françaises déclarent être interpellées par leurs donneurs d’ordres sur ces sujets.

    Pour répondre à ces attentes, plusieurs scénarios sont possibles, comme nous l’ont expliqué les professionnels que nous avons rencontrés. Ils usinent des plaques en aluminium, impriment du tissu et fabriquent des structures pour le secteur de l’événementiel, distribue des supports d’impression dans toute l’Europe… Tous réfléchissent aujourd’hui à la « bonne façon » de produire, pour concilier à la fois leur engagement, les attentes de clients manquant parfois de cohérence et la croissance de leur activité. Revalorisation, upcycling, réparabilité, juste ressource, juste quantité, écoconception, location… les pistes avancées sont diverses et variées. Et cassent aussi un certain nombre d’idées reçues. Témoignages.

    Photo de Une : @Atelier Bulk-Refit


    Nicolas Coupry, ANTALIS : « Il faut travailler collectivement »

    Chaque année, ANTALIS fait évaluer sa performance RSE par l’organisme de notation EcoVadis. Le distributeur de supports, qui a atteint le niveau Platine en 2020 et 2021, accompagne aujourd’hui cette performance d’une démultiplication des actions au sein des différentes entités du groupe, dans le but de distiller les bonnes pratiques. Dernier projet en date : la participation au projet « PLV Circulaire » porté par l’agence Circul’R. Décryptage avec NICOLAS COUPRY, Market manager & Sustainability lead chez Antalis International.

    © Antalis

    Où s’arrête aujourd’hui la responsabilité d’un distributeur en termes de RSE ?

    Antalis est un distributeur qui prend ses responsabilités en termes de RSE, et ce depuis de nombreuses années. Son niveau de notation EcoVadis le démontre clairement. Mais on pourrait parler aussi de sa politique en termes de certification FSC-PEFC. Il y a environ 15 ans, certaines entités du groupe Antalis se conformaient aux référentiels, afin d’obtenir ces certifications et pouvoir s’approvisionner en papiers certifiés, pour les proposer à leurs clients. Depuis 2010, ce sont toutes les entités Antalis à travers le monde qui ont obtenu cette double certification, portant ainsi le message d’éco-responsabilité du groupe à tous nos clients, où qu’ils soient.

    Notre responsabilité ne s’arrête pas à la livraison de nos produits. Elle s’exerce en amont, auprès de nos fournisseurs, afin d’améliorer les process à tous les niveaux et valoriser leur approche, comme nous le faisons par exemple avec les papiers Refit de Favini. Nous sommes présents sur le terrain, pour identifier des filières de recyclage et trouver les bons acteurs. En Angleterre par exemple, nous sommes en contact avec des « régénérateurs de matières ». Nous intervenons aussi auprès des clients finaux pour comprendre leurs attentes, leur présenter nos solutions, les mettre dans la boucle et imaginer ensemble des solutions plus vertueuses.

    Beaucoup de supports écoreponsables apparaissent sur le marché. Mais en termes d’usage, force est de constater que l’on est encore loin du compte. Pour des raisons de prix, mais aussi de connaissances des matières…

    Depuis un an et demi, les fabricants ont en effet accéléré et proposent désormais des gammes écoresponsables plus importantes. Il y a eu une vraie prise de conscience. Dans le même temps, les imprimeurs observent ce qui se passe, mais ont encore du mal à changer leurs habitudes. Ils aiment imprimer des matières qu’ils maîtrisent, ce qui est compréhensible. Il y a donc, là aussi, tout un travail de pédagogie à faire. On doit travailler sur les spécifications de ces nouveaux supports pour aider à leur prise en main. Avoir une meilleure compréhension de ce que l’on utilise est essentiel, et nous avons un rôle à jouer en ce sens. Tout comme il est important de communiquer aussi auprès des donneurs d’ordres pour leur faire prendre conscience que le marché dispose désormais d’alternatives écologiques et responsables dont ils doivent s’emparer. Là aussi, il y a des habitudes à changer, des yeux à ouvrir.

    Quelles sont les perspectives ?

    Je pense que d’ici dix ans, 75 % des ventes se feront avec des supports écoresponsables.

    Cette volonté de mettre autour d’une table tous les maillons de la chaîne, c’est ce qui vous a séduit dans le projet PLV Circulaire, portée par l’agence Circul’R ?

    Il faut agir collectivement, c’est une certitude. Ne plus faire ses petites actions dans son coin : cela n’a pas de sens. Le projet PLV Circulaire, porté par l’agence Circul’R (cabinet de conseil qui accompagne les organisations dans leur transition vers un modèle d’économie plus durable, ndlr), a été créé dans cet état d’esprit. Sur un marché comme la PLV, où interviennent un nombre incroyable d’acteurs, avec des produits qui sont souvent multi-matériaux, répartis dans des magasins sur tout le territoire, avec des taux de renouvellement parfois très rapides, c’est la meilleure démarche à avoir. Quand on sait que 30 % de la PLV qui est produite aujourd’hui n’est même pas mise en rayon : il est temps de réagir.

    La force de l’initiative de Circul’R est d’impliquer tous les acteurs de la chaîne de valeur de la PLV : concepteurs, industriels, distributeurs et gestionnaires de déchets. Nous allons pouvoir travailler avec les équipes de Danone, Nestlé, The Coca-Cola Company, Ruinart, Bel, Red Bull, Suez, BMA Conception Fabrication, Benoît Brissart, Auchan France, Kronenbourg, Tri-O & Greenwishes, Bolloré Logistics, POPAI et SAP, afin d’inscrire la PLV dans une dynamique d’économie circulaire. Et ça, c’est extrêmement motivant.


    Nicolas Crestin, Duo Display : « Ne plus penser en mode one shot »

    Duo Display fait partie des leaders mondiaux dans le secteur du stand d’exposition modulaire et du display, avec une forte expertise en impression textile grand format et une vraie stratégie de développement durable. Nicolas Crestin, directeur marketing et du développement, pilote aujourd’hui cette stratégie. Parmi ses chevaux de bataille : une réflexion sur le bon usage des produits, entre location et réparabilité.

    © Duo Display

    Le premier chapitre de la RSE chez Duo Display a été écrit il y a déjà 15 ans, avec une première Analyse du Cycle de Vie (ACV) des produits et la mise en place d’une charte environnementale. Quels sont les nouveaux leviers que vous activez aujourd’hui ?

    L’impact environnemental est au cœur de toutes les prises de décision de Duo Display depuis ses débuts. Ma mission aujourd’hui est d’aider l’entreprise à poursuivre dans cette voie, en formalisant davantage ce qui s’est finalement toujours fait et en mettant en place de nouvelles initiatives.

    Vous l’avez dit, la première ACV de Duo a été faite en 2007. Il est temps d’en refaire une, pour aller plus loin. Chez Duo, on a la chance d’avoir un bureau R&D engagé dans cette démarche, ce qui permet de mobiliser beaucoup d’énergies autour de cette stratégie. La mobilisation des ressources humaines, mais aussi des services financiers, dans ce domaine montrent l’engagement de l’entreprise.

    Quelle est votre roadmap pour 2022 ?

    Réussir à faire de l’éphémère durable, voilà l’enjeu. Nous avons quatre grands chantiers sur la table : l’écoconception de nos produits, leur réparabilité, le développement d’une offre de location et le recyclage. Concernant l’écoconception de nos produits, nous travaillons sur la « juste ressource », autrement dit faire en sorte que nos profilés en aluminium soient les plus légers possible, tout en garantissant une vraie durabilité en termes d’usage. Leur modularité est aussi importante. On veut absolument éviter de faire du « one shot ». L’idée est ici d’utiliser un même support pout différentes actions, avec des visuels qui sont interchangeables.

    Dans le même ordre d’idée, nous sommes en train de lancer une nouvelle boutique Duo, dans laquelle nos clients pourront se procurer des pièces détachées pour réparer leurs supports de communication. Tous nos produits sont aujourd’hui réparables, les revendeurs pourront directement commander dans notre stock. Nous avons aussi une imprimante 3D pour répondre à des demandes plus spécifiques. Un nouvel investissement, dans une solution plus industrielle, est d’ailleurs prévu pour accélérer sur cette partie.

    La location de nos structures est aussi une piste sérieuse que nous explorons, avec des lieux de stockage à proximité de villes stratégiques comme Paris et Lyon en France, et Las Vegas aux États-Unis. À l’occasion du dernier CES, nous avons ainsi envoyé près de 1500 cadres sur le salon. Ces cadres ne sont pas revenus dans notre usine, mais ont été stockés à proximité du centre d’exposition pour un prochain événement. En termes d’impact sur l’environnement, mais aussi d’agilité, le calcul est vite fait.

    Reste le recyclage…

    Nous sommes experts de l’impression textile grand format et il est vrai que, jusqu’ici, le textile était un peu le parent pauvre de notre solution. Depuis deux ans, Duo mène une réflexion approfondie sur le sujet et plusieurs leviers d’action apparaissent aujourd’hui. Pour commencer, nous avons fait évoluer notre sourcing, en remplaçant nos cinq principales références par des solutions équivalentes mais issues de fibres recyclées.

    Ensuite, Duo finance un programme de R&D à hauteur de 500 000 euros pour imaginer de nouvelles solutions d’économie circulaire pour ses textiles. Un système de collecte des tissus est en construction. Pour la revalorisation des matières collectées, nous sommes en pleine phase de développement : les discussions avancent avec nos différents partenaires que sont l’ADEME et le cluster régional Recycl’Occ Textile Occitanie. Parmi les circuits de revalorisation déjà adoptés, nous faisons de l’upcycling en collaboration avec le collectif Interlude Convergences 34 / Gammes, qui fabrique des objets à partir des toiles évènementielles.

    L’ACV que vous relancez cette année concerne tous vos produits ?

    Nous allons concentrer nos efforts sur le fleuron de Duo, qui est le stand Panoramic H-Line. L’idée, à terme, est de pouvoir donner à nos clients la possibilité de choisir leur stand en fonction de plusieurs critères, parmi lesquels l’indice carbone. Nous travaillons pour cela sur la création d’un logiciel de conception de stand en 3D, qui intègrera un calculateur permettant de définir le prix du produit, mais aussi son indice carbone, et ce en fonction de différents scénarios comme la location ou l’achat. L’idée est que la durabilité d’un produit et son moindre impact sur l’environnement devienne un vrai critère d’achat !

    5 LEVIERS D’ACTION

    • La « juste ressource »

    Écoconception de profilés en aluminium plus légers, mais tout aussi résistants.

    • La réparabilité

    Vente de pièces détachées sur le Shop Duo à partir de mai 2022.

    • La location

    Ouverture de sites de stockage et d’ateliers de réparation à Paris, Lyon et Las Vegas.

    • Un sourcing responsable

    Renouvellement de la gamme avec des tissus exclusivement issus de fibres recyclées.

    • Un circuit d’économie circulaire

    500 000 euros d’investissements pour la mise en place d’un programme de revalorisation des textiles.


    Frédéric Mifsud, Euganea Pannelli : « Aujourd’hui, il devient indispensable de savoir quantifier le poids d’un projet »

    Spécialisé dans la production de panneaux en aluminium à destination des marchés de la communication et du bâtiment, le fabricant italien EUGANEA PANNELLI a décidé de placer l’environnement au cœur de sa stratégie de développement, en misant notamment sur la parfaite recyclabilité de ses supports, constitués à 100 % d’aluminium. « Un élément essentiel », selon FRÉDÉRIC MIFSUD, directeur commercial France, qui milite pour une approche renouvelée du sujet, où le poids d’un matériau pèsera autant (voire plus) dans la balance, que sa surface imprimable. Explications.

    © Euganea Pannelli

    En 2020, le spécialiste de la gestion de déchets Derichebourg vous a délivré un certificat de recyclabilité, avec un taux de 100 % pour vos panneaux Smartbond. Qu’est-ce que cela a changé pour vous ?

    Ce certificat de recyclabilité a conforté notre discours et notre approche, qui était de dire à nos clients que nos plaques en aluminium pouvaient légitimement entrer dans une logique d’économie circulaire. Nous avons désormais une solution concrète à proposer à nos clients pour valoriser leurs déchets. Notre certificat de recyclabilité précise que si le panneau est imprimé, le taux reste identique. Les encres ne sont donc pas considérées comme des perturbateurs de tri. En revanche, si vous préférez y déposer un film adhésif, le taux passe à 90 %, mais le produit reste recyclable et valorisable, ce qui peut aussi représenter une solution intéressante pour recycler du film, un produit pour lequel il n’existe pas encore de solutions de recyclage efficaces sur le marché.

    Une plaque de Smartbond est un produit haut de gamme, donc plus cher que la moyenne du marché. Le fait d’être 100 % recyclable et donc valorisable vous permet-il aujourd’hui de gagner plus facilement certains contrats ?

    C’est indéniablement un atout. Nous sommes aujourd’hui référencés chez tous les grands distributeurs. Antalis, Thyssen Krupp et Richardson ont intégré nos produits dans leur catalogue. Et en 2021, nous avons écoulé 20 000 plaques en aluminium, en France. Ceci étant dit, il ne faut pas crier victoire trop vite, car beaucoup de chemin reste à parcourir. La question environnementale fait aujourd’hui partie de la réflexion autour de l’achat d’un produit, et c’est une bonne chose. Mais cela ne suffit pas. Économiquement, il faut aussi que cela suive. C’est justement sur ce point qu’il faut que notre discours évolue.

    De quelle façon ?

    Aujourd’hui, il devient indispensable de savoir quantifier le poids d’un projet. Je m’explique. Dans nos métiers, on parle souvent de surfaces et de mètres carrés imprimables. Or, dans une logique d’économie circulaire, la notion de poids est essentielle. C’est ce qui va faire que tout le monde va se comprendre, à tous les niveaux de la chaîne. Pour calculer la valeur de vos chutes de production, c’est le poids qui sera intéressant, afin de pouvoir le mettre en regard des taux de valorisation pratiqués par les recycleurs. Autrement dit, le prix d’achat de votre matière est à mettre en balance avec ce qu’elle pourra vous rapporter quand vous la recyclerez.

    N’oublions pas que pendant que nous parlons, la Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP), qui s’applique aux déchets DIB (emballages usagés, déchets de production, produits usagés, etc.), ne fait qu’augmenter, et ce, peu importe le mode de traitement. En janvier 2021, elle était ainsi à 37 euros/tonne pour de l’enfouissement. Elle est passée à 45 euros/tonne en 2022. Et elle sera à 65 euros/tonne en 2025. L’incinération est moins onéreuse, mais elle suit la même courbe ascendante.

    Comment réagissent vos clients face à vos arguments sonnants et trébuchants ?

    Notre stratégie aujourd’hui est d’aller porter cette bonne parole auprès des clients finaux, autrement dit les donneurs d’ordres. Ce sont eux qui pourront faire bouger les choses plus rapidement, en demandant explicitement à leurs fournisseurs d’opter pour ce type de solutions.

    C’est une nouvelle mécanique à acquérir : dans nos devis, le poids des produits commandés est aujourd’hui systématiquement noté.


    Fabien Régudy, Saint Clair Textiles : « Utiliser une matière recyclée ne fait pas forcément de vous un acteur vertueux »

    Spécialiste des textiles enduits, le fabricant français SAINT CLAIR TEXTILES propose des articles destinés soit à des usages de confection pour différents marchés, soit à des usages d’impression pour les secteurs de la publicité et de la décoration. En termes d’éco-engagement, l’entreprise privilégie une approche industrielle, basée sur une analyse fine du cycle de vie de ses produits. Une approche raisonnée rendue possible grâce à sa parfaite maîtrise de toutes les étapes de sa chaîne de production. FABIEN RÉGUDY, directeur commercial et marketing, nous décrypte cette stratégie.

    © Saint Clair Textiles

    Le polyester recyclé est-il une alternative durable pour votre métier ?

    Il existe aujourd’hui plusieurs sources d’approvisionnement possibles pour acheter du fil de polyester recyclé. On en trouve en Europe, mais aussi en Chine et en Corée. Ce qui nous donne déjà un élément de réponse. Produire des tissus en polyester recyclé à partir de fils qui viennent de l’autre bout de la planète n’a aucun sens en termes de durabilité, c’est du greenwashing.

    Et si on utilise un fil européen ?

    Là aussi, il faut être mesuré et prudent et ne pas céder à la facilité de dire : « C’est du recyclé européen, donc c’est bon ». Plusieurs paramètres techniques sont à prendre en compte avant de décréter que votre toile est un produit durable. Notre expérience nous montre que d’un fil recyclé à un autre, la qualité peut être variable. Et peut donc changer le taux de votre production premier choix, ce qui, le cas échéant, peut entraîner des pertes et des volumes de déchets supplémentaires à gérer. En termes de porosité également, on constate des différences. Un fil recyclé aura parfois besoin de plus d’enduit ou d’additifs pour répondre à nos critères de qualité. Ce qui n’est pas le but recherché. Attention, je ne suis pas en train dire qu’utiliser du polyester recyclé n’a pas de sens, mais seulement que ce n’est pas une solution miracle et qu’il est nécessaire de prendre en compte tous ces paramètres pour prétendre aller vers davantage de durabilité. Pour pouvoir parler d’écoconception, il faut avoir une vision complète du cycle de vie d’un produit.

    Justement, nous avons parlé des fils, parlons maintenant de la chimie inhérente à votre métier qui est de produire des tissus enduits. Quels sont les leviers d’amélioration dans ce domaine ?

    C’est un sujet sur lequel nous travaillons en permanence. Dans notre logique d’éco-conception, la qualité des composants que l’on utilise en formulation est primordiale. Aujourd’hui, nos enduits sont tous à base d’eau et sont conformes au Règlement Européen sur les Produits Chimiques (REACH). Mais cela ne nous empêche pas de continuer à investir en R&D pour améliorer en permanence nos recettes.

    Vos toiles sont des matériaux composites. Et donc difficiles, voire impossibles à recycler, sauf à imaginer un process industriel qui sépare les différents composants et les recycle de façon vertueuse. Quid de leur fin de vie aujourd’hui ?

    Nos produits ne sont effectivement pas recyclables. Pour les traiter, le mode privilégié aujourd’hui est l’incinération, avec les ordures ménagères. Ils sont donc traités en local, à proximité des lieux où ils étaient utilisés, et alimentent, en brûlant, les centrales de chauffage urbain.  En faisant l’Analyse du Cycle de Vie de nos produits, nous avons constaté que 80 % de nos impacts provenaient du choix des composants que nous utilisions. Nous avons donc décidé de nous concentrer sur ce point pour que notre engagement repose sur des bases solides.

    UN CHIFFRE : 80 %

    En réalisant l’analyse du cycle de vie de ses produits, Saint Clair Textiles a constaté que 80 % des impacts étaient dus au choix des composants. L’entreprise française a donc naturellement choisie de se concentrer sur ce point crucial.


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    Cécile Jarry est journaliste, rédactrice en chef d'IC Le Mag, le magazine des industries graphiques et créatives édité par Infopro Digital Trade Shows.