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    Le miroitier Verrissima imprime ses verres en numérique

    Spécialiste du verre trempé pour l’habitat et l’industrie, l’entreprise VERRISSIMA a choisi d’intégrer, voilà six ans, une activité a priori très éloigné de son cœur de métier, l’impression numérique, afin de pouvoir personnaliser en interne ses produits en verre (crédences, plans de cuisson, portes, fonds de douche, plans de vasque).

     

    Et ça marche ! Enseignes, entreprises, hôtels et restaurants, séduits par la qualité des produits et la réactivité de Verrissima, font appel au savoir-faire du groupe lorrain, qui réalise désormais près de 25 % de son chiffre d’affaires grâce à ses verres imprimés.

     

    Entreprise presque séculaire, labellisée EPV (entreprise du patrimoine vivant), Verrissima est également une société qui vit avec son temps.

     

    La miroiterie fondée en 1923 à Meisenthal (Lorraine) par Emile Burgun, au cœur du pays du verre et du cristal, est devenu un groupe de 100 salariés, aujourd’hui installé sur la commune de Goetzenbruck et spécialisé dans le verre trempé pour l’habitat et l’industrie. « Verrissima Habitat réalise des petits travaux de miroiterie pour des particuliers, tandis que Verrissima Industrie travaille l’ennoblissement du verre, précise le Pdg, Jonathan Metz, entré en 1995 dans l’entreprise alors dirigée par son père. On prend un verre classique et on lui amène tellement de valeur ajoutée que ça ne ressemble presque plus à du verre ».

    Le dernier grand virage stratégique date de 2012, année où Jonathan Metz prend les rênes de Verrissima, après 15 ans à se former dans tous les ateliers du groupe. « A cette époque, je réfléchissais au meilleur moyen de mettre une image sur du verre. Un fournisseur me parle alors d’impression numérique. Pour ne pas se faire piquer l’idée, nous avons rapidement pris la décision d’intégrer la technologie, au risque d’essuyer les plâtres », explique le dirigeant. Ça ne rate pas. Alors que Verrissima s’engage à livrer des crédences imprimées auprès d’un célèbre cuisiniste, les deux machines d’impression que le groupe a acheté ne tiennent pas la cadence industrielle, ni la répétabilité de qualité nécessaire. « On nous avait vendu la facilité d’utilisation, nous avons découvert qu’un tel projet nécessitait des infographistes qualifiés ou encore une salle blanche avec un bon taux d’humidité », dévoile Jonathan Metz, qui arrive alors à faire reprendre une machine au fabricant et cède la seconde.

     

    « Cela fait maintenant trois ans que la machine d’impression tourne en trois postes, soit 6 jours sur 7, de 8h à 4h du matin. C’est un réel outil de production », Jonathan Metz, Pdg de Verrissima

     

    IMPRESSION À RYTHME INDUSTRIEL

    Entre temps, le contact qui lui avait suggéré l’impression numérique est parti travailler chez swissQprint, le fabricant suisse de machines d’impression. « Il m’a expliqué tout le process de l’impression numérique et m’a fait venir au showroom pour faire des tests. Et j’ai compris la différence entre une montre et une montre suisse », sourit le dirigeant, qui investi alors sur le modèle Impala, imprimante à plat jet d’encre UV LED (renvoyer vers encadré TECHNIQUE et visuel Usine) du fabricant swissQprint. Avec l’arrivée de la nouvelle machine, Jonathan Metz crée une salle dédiée à l’activité d’impression et recrute un opérateur et trois infographistes. Et Verrissima arrive à livrer ses crédences à son client.

    Six ans plus tard, l’Impala de Verrissima imprime quelque 200 crédences et 200 portes en verre par semaine ! Un rythme industriel. « C’est un réel outil de production, confirme le Pdg. Cela fait maintenant trois ans qu’elle tourne en trois postes, soit 6 jours sur 7, de 8h à 4h du matin ». Une cadence qui, bien évidemment, ne surprend pas Alain Greiner, président de swissQprint France : « Le métier de l’impression à plat va évoluer vers de l’industriel. Cette technologie offre une réactivité beaucoup plus grande vis-à-vis du marché. C’est un outil anti délocalisation ». Pour tous ses produits personnalisés, Verrissima imprime directement sur le verre, sur lequel est ensuite apposé un film PVB (voir info +), lui même recouvert par une seconde plaque de verre.

     

    « Le métier de l’impression à plat va évoluer vers de l’industriel. Cette technologie offre une réactivité beaucoup plus grande vis-à-vis du marché. C’est un outil anti délocalisation », Alain Greiner, président de swissQprint France

     

    Chez Verrissima, la première des applications est l’impression de crédences de cuisine, plans de cuisson et plans de travail. Sur ce marché, l’entreprise fournit des « collections » à de grands distributeurs (type Tryba ou Cuisines Schmidt) et s’adresse aussi aux particuliers, via un site de personnalisation et de vente en ligne baptisé Verricrédence. Deuxième application : les auvents et marquises de porte et, bien sûr, les portes elles-mêmes. Récemment, Verrissima s’est également lancé sur l’impression de fonds de douche, de murs en verre pour toilettes et salles de bain, de plans de vasque… Des produits essentiellement destinés au marché de l’hôtellerie. A Kirwiller, près de Strasbourg, l’entreprise a ainsi participé à la rénovation des 10 chambres (mini suites) de célèbre music hall Royal Palace, pour lesquelles Verrissima a imprimé et posé les portes, les murs de sanitaires et les plans de vasque.

     

    UN INVESTISSEMENT RENTABLE

    En direct ou via des architectes, le groupe lorrain participe aussi à des projets en retail et bureaux. « Nous avons, par exemple, réalisé un assemblage de verre feuilleté pour une boutique Hermès et un décor sur une vitrine Mont-Blanc, dévoile Jonathan Metz. Récemment, nous avons également réalisé un mur en verre argenture avec une impression numérique pour le site lyonnais du groupe Safran ». Un segment que le Pdg compte développer. « Chaque année, nous missionnons un cabinet strasbourgeois pour faire de la prescription ». Et de nouveaux marchés apparaissent, comme la signalétique, les trophées et, plus étonnant, les pierres tombales en verre imprimé. « Les clients savent qu’ils peuvent tout demander et que nos infographistes sont mis à disposition ». Aujourd’hui, Verrissima maîtrise tellement bien sa machine que l’entreprise imprime d’autres supports que le verre, comme le bois notamment, et s’ouvre ainsi de nouveaux horizons. « En matière de décoration, nous avons imprimé toutes les têtes de lits de l’établissement 4* l’Hostellerie des Châteaux (Ottrott). Et via des menuisiers, nous imprimons pas mal de stands pour des salons », révèle Jonathan Metz.

     

    « Nous avons réalisé un assemblage de verre feuilleté pour une boutique Hermès et un décor sur une vitrine Mont-Blanc », Jonathan Metz, Pdg de Verrissima

     

    Arrivée au maximum de ses capacités d’impression, Verrissima a donc décidé d’investir dans une seconde table à plat Impala, installée en ce mois de janvier 2018. « L’objectif est de diversifier encore les applications, explique le Pdg. Dans un premier temps, nous souhaitons pouvoir nous dégager du temps pour faire des tests ». Plafonds en verre, dalles de sol, gardes corps ou même dessous de plats sont au programme. Au total, Verrissima aura investi plus de 500 000 euros pour développer son activité d’impression numérique sur verre. Une somme que l’industriel lorrain ne regrette pas, aujourd’hui que le verre imprimé représente près d’un quart de son chiffre d’affaires.

     

     

     

    TECHNIQUE

    Les lampes à diodes électroluminescentes (LED) destinées au séchage « à froid » des encres polymérisables sous UV rendent possible l’utilisation d’un spectre beaucoup plus large de supports directement imprimables. Les encres durcissables sous UV possèdent des propriétés de séchage quasi instantané, adhérent à une grande diversité de papiers ou plastiques, et n’émettent pas de composés organiques volatils (car elles ne contiennent pas de solvants).

    Les encres, liquides dans les têtes d’impression, sont exposées à un rayonnement ultraviolet, qui les solidifie une fois imprimées sur le support. Elles peuvent alors se fixer rapidement, sans traitement de surface ou séchage à la chaleur. Insolubles après durcissement, les encres UV permettent la surimpression de plusieurs couches, afin de créer des images en relief ou texturées, ou encore des caractères braille.

    Les machines équipées de lampes LED UV possèdent plusieurs avantages. Grâce à une faible émission de chaleur, elles peuvent imprimer sur un grand nombre de supports, notamment les médias thermosensibles (comme les feuilles auto-adhésives ou les toiles PVC), sans les déformer, ni les plier. Les lampes LED, qui ont une durée de vie beaucoup plus longue que les lampes au mercure et qui ne nécessitent pas de préchauffage, offrent aussi une productivité plus élevée et une moindre consommation d’énergie. Enfin, les LED ne produisent pas d’ozone.

     

    MATIÈRE

    Le Polybutyral de Vinyle (PVB) est une matière de synthèse très solide, spécialement conçue pour résister aux chocs, et utilisée pour assembler les verres. Le PVB s’utilise sous forme de feuille fine de quelques millimètres qui, grâce à son adhérence et à sa transparence, convient parfaitement pour assembler les vitrages des fenêtres et portes fenêtres, entre autres. Cette résine permet de maintenir les verres et de les solidifier. Le verre devient très difficile à casser et n’éclate pas en mille morceaux : on appelle cela le vitrage feuilleté !

    Journaliste spécialisé dans le domaine des industries graphiques, Florent Zucca est rédacteur en chef du magazine IC LE MAG / Industries Créatives, où il analyse les opérations de personnalisation menées par les marques en matière de retail, de packaging, de décoration et de communication. Diplômé de l’ISCPA Lyon (Institut Supérieur de la Communication, de la Presse et de l’Audiovisuel), il a auparavant travaillé, pendant près de dix ans, dans la presse économique.