Cap de mettre du rose et de peindre des coquelicots géants sur le mur d’une usine Michelin ? Oui, surtout quand c’est pour une bonne cause. Direction Troyes pour découvrir une fresque qui vaut le détour.

Tout est parti d’un déjeuner à la cantine à l’usine Michelin de La Chapelle-Saint-Luc, près de Troyes. Autour de la table ce jour-là, quatre membres de l’équipe Michelin, Océane Prieur, cheffe de projet industriel,  Davina Payer, chargée de communication, Emmie Amiet, responsable de communication site et Gauthier Bichebois, manager qualité matériau. Avec eux, une cinquième personne au profil un peu plus atypique pour les lieux : Jeanne Chemla, galeriste et experte de la Qualité de Vie au Travail (QVT), en mission à l’époque pour Bail Art Projects dont la vocation est de créer des ponts entre le monde de l’art et le monde de l’entreprise.  « On a parlé confection, pneus, QVT, vie à l’usine, Champagne-Ardenne, champs de blés… et fresques murales », se souvient Jeanne Chemla.

L’actualité du moment au sein du site de Troyes, spécialisé dans la fabrication de pneus pour tracteur, est l’arrivée d’une nouvelle machine de confection. Un petit bijou de technologie qui doit permettre d’améliorer les conditions de travail des salariés, tout en optimisant la production. Océane Prieur, qui pilote le projet, souhaite accompagner cette installation d’une réflexion sur la Qualité de Vie au Travail. « L’amélioration de l’environnement de travail est une priorité chez Michelin qui doit répondre aussi à des enjeux de fidélisation de ses salariés. Nos confectionneurs passent 8 heures par jour sur une machine, avec un casque sur la tête, des protections auditives, des chaussures de sécurité et pour seul horizon un mur de parpaings. Le trait est un peu forcé mais nous ne sommes pas loin de la réalité d’une production industrielle. L’arrivée de notre nouvelle machine était une belle occasion à saisir pour engager un nouveau chantier autour de la QVT, en partenariat avec nos équipes », explique Océane Prieur.

L’amélioration de l’environnement de travail est une priorité chez Michelin

— Océane Prieur, Cheffe de projet industriel chez Michelin

SORTIR DU CADRE

Pour écrire sa feuille de route, la jeune femme a en tête les mots de ses confectionneurs qui rêvent qu’on leur ouvre « une fenêtre vers l’extérieur ». Elle a aussi l’histoire du site, où chaque machine porte le nom d’une fleur : Tamaris, Giroflée, Campanule, Jonquille et la petite dernière, Cosmos, un nom à double sens choisi pour signifier, aussi, l’entrée de l’usine dans un nouvel univers de production.

« Nous avions déjà commencé à casser les codes. C’est la suite logique de cette belle histoire », raconte Océane Prieur dont le dessein est d’inviter l’art à entrer dans l’usine.  

Forte de son expertise, Jeanne Chemla propose deux artistes aux styles différents. C’est la spécialiste en fresques murales contemporaines Élodie Buisson qui est retenue. Ses lignes stylisées et ses aplats de couleurs vives l’emportent sur l’approche plus street-art de l’autre proposition.

« Nous vivons toute la journée au milieu des pneus, ce n’est pas pour en retrouver sur nos murs ». Devenus partie prenante du projet, les salariés peaufinent leur cahier des charges. La réalisation, une fresque murale de 80 mètres carrés, doit puiser son inspiration dans l’ADN du site mais savoir aussi s’en échapper. Dans un univers industriel où tout est réglé au millimètre, ils veulent sortir du cadre. Au bleu et jaune iconiques de Michelin, ils préfèrent le rose et le fuchsia. Exit également le rouge qui est à la fois la couleur du danger et de la non-conformité.

UN NOUVEL IMAGINAIRE INDUSTRIEL

Une bouffée d’air frais, de la couleur, des fleurs des champs en référence à la campagne environnante mais aussi aux clients de l’usine… voilà ce dont ils ont envie, et qu’Élodie Buisson va réussir à concrétiser avec brio. Des épis de blé, des coquelicots, des marques laissées dans la terre par les pneus d’un tracteur : tout ce qui fait l’histoire du site dans sa région est évoqué avec délicatesse, au milieu d’un champ de fleurs en format XXL. Quatre mots-clefs – Clients, Personnes, Performance, Planète – rythment également la fresque pour rappeler les engagements de l’entreprise.

« Avec le projet Cosmos, Michelin se dote d’une machine d’assemblage de pneus agricoles inexistante à ce jour. Il s’agit d’un projet unique, un prototype conçu par des équipes pluridisciplinaires, en partenariat avec nos agents de production. Cette innovation vient renforcer la stratégie « Tout Durable » du groupe Michelin : au niveau des personnes, en mettant le bien-être au travail au cœur de nos préoccupations et en augmentant l’attractivité de notre usine, en termes de performance économique et financière, en nous permettant de développer des produits plus techniques, et pour la planète, avec une technologie pensée pour améliorer la performance énergétique de notre site. Cette fresque est là aussi pour incarner cette stratégie », conclut Océane Prieur.