Le plasticien parisien Pierre Brault réalise des enseignes personnalisées en anamorphose grâce à des structures en plexiglas coloré translucide jouant avec la lumière.
Après six mois de collaboration avec la marque de luxe Courrèges, le jeune artiste, tout juste diplômé de l’école supérieure d’arts graphiques Penninghen, vient de créer son propre studio. Marques et entreprises se l’arrachent déjà.
Des enseignes en plexiglas ? Rien de bien nouveau a priori. Détrompez-vous ! Il ne s’agit pas ici de plaques professionnelles et autres plaques de porte qui ornent les halls d’immeubles de bureaux ou de cabinets médicaux. L’artiste plasticien Pierre Brault s’amuse avec le matériau, le déstructure et le recompose pour créer des anamorphoses en jouant avec les superpositions de couleurs et les ombres portées. Le résultat : des enseignes personnalisées, sur-mesure, durables et réutilisables, qui frappent le visiteur par leur dimension artistique.
Cet art, Pierre Brault l’a développé au cours de ses études à l’école supérieure d’arts graphiques Penninghen (Paris 6e). « Pour mon diplôme, j’ai travaillé sur la lumière solaire, avec la création d’un abécédaire modulable en plexiglas translucide, explique le jeune artiste. Puis, cela m’a poussé à poursuivre la réflexion sur la typographie et les anamorphoses ». Son diplôme de direction artistique en poche, Pierre Brault ne tarde pas à trouver un premier client, séduit par son approche, et pas n’importe lequel : la maison Courrèges (prêt-à-porter, lunettes, parfums, accessoires de mode).
Pour la célèbre marque de luxe, Pierre Brault commence par imaginer la carte de vœux 2017. Il décompose les chiffres avant de monter une maquette en volume, grâce à une structure en plexiglas orange translucide et miroir. Maquette qui sera filmée et prise en photo pour servir de base à la communication de Courrèges sur les réseaux sociaux pendant la période des vœux. Effet « waouh » garanti.
Technique
Pierre Brault décompose les lettres en pièces de plexiglas translucide coloré à l’aide d’une machine de découpe laser numérique. Une fois remontées en volume selon un patron préalablement défini, ces pièces créent une anamorphose jouant avec la superposition des couleurs et les ombres portées.
Mais la collaboration avec la maison de la rue François Ier va plus loin. Courrèges confie au jeunes artiste la réalisation d’une enseigne de 4 mètres de long destinée à orner le stand de la marque sur le Mido Eyewear Show à Milan (du 25 au 27 février derniers), le plus grand événement international dédié au secteur de l’optique-lunetterie. « J’ai donc décomposé le mot “Courrèges” en 70 pièces de plexiglas noir translucide et miroir inspirées du motif de la collection lunettes 2017 de la marque, puis montées en superposition selon un patron, de telle manière que l’éclairage artificiel sur le stand fasse réapparaître le mot par anamorphose grâce aux ombres portées », explique Pierre Brault.
Des œuvres réutilisables
Tout le travail de recherche artistique et de découpe du plexiglas a été réalisé en amont du salon. Sur place, à Milan, la pose et le montage ont mobilisé deux personnes pendant 5 heures. « Les pièces peuvent être enlevées et remontées à volonté. Il s’agit d’un produit modulable et durable, une caractéristique importante sur des évènements comme les salons qui engendrent beaucoup de déchets, se félicite l’artiste. D’ailleurs, Courrèges va réutiliser mon travail sur un autre salon et peut-être même en boutique ».
Enseigne de 4 mètres de long pour le stand de la marque de luxe Courrèges sur le salon de l’optique-lunetterie Mido Eyewear Show à Milan, construite à partir de 70 pièces de plexiglas translucide noir et miroir. Une œuvre modulable que Courrèges va réutiliser sur d’autres évènements et dans sa boutique de la rue François Ier à Paris.
Un travail qui n’a pas tardé à attirer l’attention. Après six mois de coopération avec Courrèges, Pierre Brault a monté sa propre structure et développé une offre de création de « typographies solaires » personnalisables à destination des marques et entreprises. La jeune entreprise Kymono, qui propose de personnaliser des vêtements et des accessoires aux couleurs des start-ups, a déjà fait appelle à l’artiste plasticien pour une anamorphose en plexiglas de son logo destinée à habiller son nouveau showroom parisien. Plus récemment, c’est le groupe Canal + qui l’a sollicité pour de l’habillage de plateaux TV. Et Pierre Brault concours également à deux appels d’offres, via l’agence Onirim (Paris), pour une création d’enseigne pour une marque de luxe et la création de décors pour une publicité vidéo d’une marque de bijoux haut de gamme.
« Je vais collaborer avec d’autres entreprises sur de la personnalisation d’espaces et de messages, ainsi que sur de la signalétique, confie Pierre Brault.
Ce segment est amené à se développer fortement au cours de prochains mois ». Le plasticien, actuellement à la recherche d’un studio suffisamment grand pour accueillir ses maquettes, son stock matière et sa machine de découpe laser, espère pouvoir s’appuyer sur ces ressources clients pour conserver une activité artistique et exposer ses œuvres en galerie et dans les foires d’art contemporain. Une stratégie… éclairée.
A propos de l'auteur Florent ZUCCA
Journaliste spécialisé dans le domaine des industries graphiques, Florent Zucca est rédacteur en chef du magazine IC LE MAG / Industries Créatives, où il analyse les opérations de personnalisation menées par les marques en matière de retail, de packaging, de décoration et de communication. Diplômé de l’ISCPA Lyon (Institut Supérieur de la Communication, de la Presse et de l’Audiovisuel), il a auparavant travaillé, pendant près de dix ans, dans la presse économique.