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Découpe et gravure laser : quand la com’ met les formes

Qui dit communication, dit message… généralement imprimé. Mais pas toujours ! Sans encre ni autre consommable que la matière travaillée, la découpe et la gravure laser peuvent donner vie à des projets singuliers. Personnalisation d’objets, prototypage, enseigne, signalétique : ces domaines d’application ont depuis longtemps adopté ces technologies très polyvalentes. En cultivant l’art de sculpter et marquer la matière avec la précision inégalée du laser, elles séduisent les partisans d’une communication à fort impact, créative et “durable” dans tous les sens du terme.

 

 

En gravure et découpe, les avantages du laser sont connus depuis longtemps. À la rapidité et la haute précision du faisceau laser s’ajoute la polyvalence des matériaux que l’on peut traiter avec ce processus. Aucune autre technologie n’est en mesure de prendre en charge autant de matériaux organiques et inorganiques différents* : papier, bois, cuir, caoutchouc, métaux, textiles, plexiglas, acrylique, verre (pour la gravure)…Selon les matériaux, certaines sources laser sont néanmoins plus adaptées que d’autres. Ainsi, le CO2est la source de prédilection pour les matières organiques, tandis qu’un laser à source fibre sera préférable pour les métaux par exemple, sachant que la plupart des fabricants proposent aussi des machines qui embarquent plusieurs sources. Sur une même machine, les paramètres du laser (puissance, DPI, fréquence) sont ajustables, selon que l’on veuille graver ou découper, mais aussi pour optimiser le rendu selon le support. Enfin, en plus de découper et graver, ces machines peuvent aussi servir à façonner des traits de pliage sur les matières souples.

Fortes d’une telle polyvalence, les machines laser se sont répandues dans les chaînes de production industrielles, notamment pour répondre aux besoins de traçabilité (voir encadré), mais également au sein des département R&D de grands groupes pour des applications de prototypage par exemple. Ces dix dernières années, l’essor du concept« Do It Yourself », des fab labset autres tiers-lieux de fabrication artisanale, a contribué à populariser cette technologie au-delà de l’industrie. Parallèlement, la baisse des prix des machines l’a rendu accessible à une nouvelle génération d’entrepreneurs, d’artisans, voire d’artistes, qui utilisent les nombreuses fonctions créatives de la découpe et de la gravure laser pour créer des objets personnalisés sur-mesure ou des maquettes, donnant ainsi forme à leurs idées en un temps record.

 

L’ART ET LA MATIÈRE

L’engouement pour la technologie laser n’échappe pas au secteur de la communication visuelle. Utilisées ensemble, voire associées à d’autres procédés pour démultiplier les effets, la découpe et la gravure laser donnent forme à des réalisations variées en communication petit format (invitations, cartes de vœux, dépliants pop-ups), mais aussi en communication extérieure ou sur le lieu de vente. Par rapport à une commande numérique traditionnelle, le laser permet une finition de découpe de grande qualité, avec des tranches d’aspect « poli » : un atout indéniable pour les professionnels de l’enseigne et de la PLV notamment, qui travaillent l’acrylique pour des présentoirs, des lettres découpées, etc. La gravure laser, quant à elle, en tant qu’outil de personnalisation multi-applications et multi-supports, est particulièrement prisée pour l’objet promotionnel et le cadeau d’affaires.

Pour Victor Lamarche, fondateur et dirigeant du studio de design et de production Sept Heures, expert en découpe et gravure laser, le choix de ce procédé s’est imposé naturellement. « On peut faire de la découpe et du marquage avec la même machine, en petite ou plus grande série, et surtout du prototypage et de l’unitaire, avec une grande rapidité d’exécution. Le laser, c’est vraiment la technologie de la réactivité, ce qui essentiel pour notre activité », explique Victor Lamarche. Equipé de plusieurs machines Trotec de source CO2, le studio lyonnais travaille pour les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, de la santé, du luxe (maroquinerie, prêt-à-porter), ainsi que pour des agences de communication ou d’événementiel. Sept Heures collabore aussi avec des artistes (musiciens, graffeurs) pour qui le studio façonne des objets identitaires uniques. « Nous avons choisi de tester nous-mêmes, en découpe et en gravure, autant de matières que possible, dont plus de 600 papiers créatifs, ce qui nous a permis de bâtir une table des matières très exhaustive, ajoute Victor Lamarche. La technologie en soi n’est pas neuve. Seule cette expertise pointue sur les matières peut nous permettre de faire la différence ».

© Sept Heures

 

UNE TECHNOLOGIE À FAIBLE IMPACT ENVIRONNEMENTAL

Contrairement à d’autres procédés couramment utilisés en communication visuelle, la découpe et la gravure laser présentent aussi l’avantage de n’utiliser ni additif, ni consommable (comme les encres ou les films). Cela suffit-il à en faire une solution plus écologique ?« Avec le laser, on n’ajoute rien, on vient simplement chauffer la matière et la faire réagir. La réaction du laser CO2avec le bois par exemple, c’est complètement naturel », argumenteMartin Roth, chef de marché Monde sur les gammes personnalisation, créativité et signalétique pour le groupe Gravotech. Enrevanche, la réaction thermique génère un peu de fumée, raison pour laquelle Gravotech propose, en option sur tous ses lasers, un extracteur pour filtrer l’air.

Le principal atout écologique du laser pourrait aussi être sa durabilité : non seulement l’outil en lui-même ne s’use pas dans le temps, mais la gravure est par nature un marquage durable, car inaltérable. D’ailleurs, adopter le laser s’inscrit pour certaines entreprises dans une démarche plus globale. C’est par exemple ce qui a guidé le choix de Carole Redero et Charlie Loumena qui se sont associés pour créer Craft & Co à Bordeaux en 2015. Leur atelier, spécialisé dans la fabrication sur-mesure par découpe et gravure laser, est engagé dans une démarche éco-responsable qui se traduit, entre autres, dans le choix des matières premières (labels PEFC, FSC), l’utilisation d’énergie verte (Enercoop), l’optimisation et le tri des déchets…

« La technologie laser s’inscrit dans la logique de réduire autant que possible l’impact de notre activité sur l’environnement », affirme Carole Redero. Pour la même raison, ils ont fait du bois – contreplaqué ou massif, toutes essences confondues – leur sujet de prédilection, même s’ils travaillent un large éventail de matériaux. Une démarche artisanale revendiquée (Craft & Co est reconnu Artisan d’Art depuis 2018), qui vient faire écho aux attentes de leurs clients, qu’ils soient agences de communication, promoteurs, restaurateurs, vignerons du Bordelais, collectivités… En effet, pour donner corps à une identité ou véhiculer des valeurs, le bois, tout comme le liège ou encore le bambou, symboles de naturalité, sont particulièrement prisés.

© Craft & Co

 

… MAIS À FORT POTENTIEL CRÉATIF !

À en croire ses adeptes, avec des idées et de la créativité, on peut « tout faire » ou presque avec une machine de gravure et découpe laser. La seule limite certaine de la gravure – par rapport à une impression – concerne la couleur : avec ce procédé, on ne peut obtenir que des niveaux de gris. Pour autant, il existe des moyens de contourner cet inconvénient, en venant appliquer une teinte dans le marquage (s’il s’agit de retrouver la couleur d’un logo par exemple). Pour le secteur du luxe, il est fréquent de venir ajouter une patine dorée ou argentée sur des motifs gravés au laser sur du verre. Les matières bicouches (et bicolores) sont une autre façon de satisfaire le besoin de couleurs des clients : telles des plaques de signalétique qui, une fois usinées, font apparaître la couche du dessous en contraste. Loin d’opposer les technologies, les prestataires spécialisés en découpe et gravure soulignent surtout leur complémentarité. « Si nécessaire, nous faisons appel à un partenaire imprimeur. Pour les cartes de vœux notamment, il n’est pas rare qu’on nous demande d’associer découpe, gravure et dorure à chaud, ou encore découpe et impression quadri », note Victor Lamarche.

La complémentarité du laser, c’est aussi ce qui a séduit Brice Baleydier,qui a créé la société Arkaïc Concept en 2012. À l’origine, c’était un atelier de prototypage orienté sport de glisse et communication, puis il a évolué à la fois sur l’usinage, la découpe laser et l’impression à plat. Aujourd’hui, la société poursuit trois axes de développement : la fabrication de skate-boards haut de gamme, des prestations pour des marques de luxe, et les trophées et la communication créative. « On se positionne comme créateur d’idées. Le client nous soumet sa problématique : à nous d’imaginer des solutions en couplant nos différentes compétences », résume Brice Baleydier.

Mais il arrive aussi qu’Arkaïc Concept soit sollicité uniquement pour son savoir-faire en gravure. Exemple avec un projet scénographique original de l’agence digitale Cher Ami, dont la conception a associé plusieurs prestataires : un mur en bois interactif et ludique pour la Maison de la Vache Qui Rit, à Lons-le-Saunier. Dévoilé en septembre 2020, il présente les engagements et objectifs du groupe Bel (propriétaire de la marque) en matière de RSE pour les cinq ans à venir. Les visiteurs (ceux qui ont eu la chance de le découvrir entre deux périodes de confinement) peuvent interagir avec certaines parties du mur, qui s’animent grâce à 21 capteurs sensitifs et trois vidéos-projecteurs. Pour la gravure de ce mur de neuf mètres de long, Arkaïc Concept a travaillé un panneau après l’autre. « C’était un travail assez pointu, car nous avions une trentaine de trames de gravure à calibrer. Nous avons pris conseil auprès de restauratrices d’art pour soigner les écarts entre les différents panneaux ». Un vrai travail d’orfèvre !

© Arkaïc Concept

 

QUAND LA GRAVURE LASER SOIGNE L’EXPÉRIENCE CLIENT

Le besoin de personnalisation des consommateurs est une tendance forte de ces dernières années. Pour y répondre, les fabricants de machines de gravure laser ont développé des modèles compacts et facilement transportables, parfaits pour la personnalisation sur le lieu de vente ou pour des prestations en « live » lors d’opérations événementielles. Ainsi, le modèle WeLase du constructeur Gravotech, lancé en 2019, trouve ainsi sans peine sa place en boutique, corner, pop-up store… Avec ses larges vitres et ses éclairages LEDs quipermettent de profiter du spectacle, la machine a notamment été conçue pour dynamiser l’expérience client. Selon son fabricant, la WeLase remporte un grand succès en bijouterie et parfumerie. Pour une expérience encore plus complète, Gravotech propose, en option, un logiciel qui permet à l’utilisateur de taper lui-même un message sur tablette avant de déclencher la gravure en direct.

Equipé pour sa part en machines Trotec, Victor Lamarche avait développé une forte activité événementielle avant la crise sanitaire et espère en faire un axe majeur de développement pour le studio Sept Heures en 2021. La région Auvergne-Rhône-Alpes, Lacoste, Nike ou encore Pernod Ricard : il a plusieurs fois été sollicité par des marques de renom – et d’autres donneurs d’ordres – pour venir découper et personnaliser des objets en direct sur des événements. « Ça plaît beaucoup, car les participants repartent avec quelque chose d’unique », précise le créatif.

Crayon Laser, une autre société que Victor Lamarche avait cofondée en 2014, s’était déjà illustrée sur ce type de prestations. En avril 2019, au Brainstore parisien d’Antalis (distributeur de papiers, d’emballages et de produits de communication visuelle), Crayon Laser avait fait forte impression en découpant sur place des papiers Chromolux et Arjowiggins, ainsi que des cartons graphiques Invercote d’Iggesund, selon des motifs préalablement conçus sur ordinateur. À l’arrivée : un mur « végétal » de cinq mètres de haut, 400 tours Eiffel, toutes de couleurs différentes, et une illustration grandeur nature du potentiel créatif de la découpe laser sur papier.

 

*Seules exceptions : le PVC, la fibre de carbone, ou encore certaines résines comme l’époxy.

 

© Crayon Laser

LES TROPHÉES SUR LE PODIUM

Quand la gravure et la découpe laser se mettent au service de la création d’objets sur-mesure et de la personnalisation, une application revient souvent : les trophées. Des commandes pour le monde de la compétition sportive bien sûr, mais aussi, d’une manière générale, pour tout type de concours et même parfois en communication interne, quand certaines grandes entreprises récompensent leurs salariés dans le cadre d’un programme d’incentive par exemple.

Arkaïc Concept est le fournisseur de trophées pour RedBull Sport depuis 2014.

Le studio Sept Heures a conçu ce trophée UEFA pour l’Euro 2020 de football, qui devrait finalement avoir lieu cette année.

Arkaïc Concept a réalisé les trophées des Championnats de France 2019 de skateboard.

L’atelier Craft & Co a réalisé les trophées pour la convention du groupe de parfums et cosmétiques Beauty Success : socle en chêne massif et empiècement en acrylique imitation or.

« DONNER UNE PLUS GRANDE AUTONOMIE AUX UTILISATEURS DE NOS LASERS »  

 Deux questions à Eric Merjagnan, président de la société Trotec Laser France, qui développe, fabrique et commercialise des systèmes laser pour la découpe et la gravure, ainsi que des matériaux de gravure.

 

Sur quels aspects peut-on encore innover en découpe et en gravure laser ?

Notre principal développement à l’heure actuelle est une solution logicielle en réseau et sur le cloud, nommée Ruby et dont nous venons de mettre à disposition la version Bêta.Le lancement du produit en version finale aura lieu courant 2021. Ruby n’est pas seulement une interface de gestion du laser, c’est aussi un outil graphique qui intègre de nombreuses fonctionnalités. Il permet la création, le partage, l’utilisation et la sauvegarde de fichiers communs sur des sites multiples. Avec cette solution tout en un, notre objectif n’est pas de remplacer les logiciels de graphisme tels Corel et Adobe, mais de donner une autonomie beaucoup plus grande aux utilisateurs de nos lasers, qui pourront créer des graphismes directement dans Ruby. La plateforme sur le cloud permet aussi d’avoir accès à des ressources de formation ou de démonstration. C’est un vrai service en plus.

 

Quelles autres nouveautés allez-vous proposer en 2021 ?

C’est notre rôle, en tant que leader mondial de la technologie laser, de sortir chaque année, sinon de nouveaux produits, de nouvelles versions ou mises à jour de produits existants. C’est pourquoi nous continuons d’améliorer les performances de nos machines en termes de vitesse, de précision, d’ergonomie…Dans la gamme SpeedMarker, nous allons commercialiser la SM700CL, lancée sur le marché en juin 2020, qui présente, sur les matières organiques, tous les avantages de précision et de rapidité déjà connus pour le marquage sur métaux. De plus, nous lançons en 2021 les nouvelles versions des Speedy 100 et Speedy 300, pour en améliorer encore les performances, l’ergonomie et la facilité d’utilisation. Enfin, la Speedy 400, lancée fin 2019, reste notre produit phare de par ses performances et sa polyvalence. L’association avec Ruby la rendra d’autant plus attractive.

« L’INNOVATION VIENDRA DES NOUVELLES MATIERES » 

Deux questions à Martin Roth, chef de marché Monde sur les gammes de personnalisation, créativité et signalétique pour le groupe Gravotech, fabricant français de machines laser et CNC, et fournisseur de consommables.

 

Comment les progrès technologiques font-ils évoluer le secteur de la découpe et de la gravure laser ?

La technologie laser est assez mature et bien maîtrisée aujourd’hui. Nous allons, bien sûr, continuer à sortir des nouveautés. Mais, un peu à l’image du secteur de l’automobile, qui a cessé de faire des voitures toujours plus puissantes et rapides pour se concentrer sur d’autres aspects de l’expérience utilisateur, nous travaillons davantage sur l’ergonomie ou la connectivité. En améliorant la performance de nos machines, nous devons proposer une innovation qui aie du sens pour nos clients. La plus-value viendra de l’interface, de l’ergonomie et de l’automatisation des opérations qui sont faites manuellement. Nous continuons à travailler sur notre logiciel, qui existe depuis plus de 20 ans et qui est un vecteur primordial d’ergonomie et de productivité. Par ailleurs, en collaboration avec nos partenaires, nous misons beaucoup sur la création de nouvelles matières, car nous pensons que l’innovation dans le domaine du laser viendra aussi de là dans les prochaines années. Des matières encore plus écologiques (qui ne dégagent pas de fumée) ou qui réagiraient sous l’effet du laser en prenant une autre couleur par exemple…

 

Quelles sont les principales attentes exprimées par vos clients ?

Nous nous attachons à fournir des solutions complètes à nos clients : machines, logiciels, services. Les clients veulent une machine simple d’utilisation et intuitive, comme les outils technologiques actuels, une machine laser à la portée de tous, qui ne nécessite pas de prise en main et de formation longue et fastidieuse. En matière de support, le papier suscite beaucoup d’intérêt dernièrement. Nous avons travaillé avec notre partenaire Mondi, qui a lancé une nouvelle gamme de papier de design, baptisée Pergraphica. En jouant avec les paramètres de nos lasers, on obtient des résultats assez bluffants en termes de gravure et de couleurs. Pour répondre aux besoins de créativité en signalétique, nous avons récemment sorti une nouvelle gamme acrylique en couleurs (tons pastel, givrés, fluorescents). La tendance du moment consiste notamment à marier les matériaux, par exemple un support bois et des lettres acryliques découpées. Enfin, on voit aussi arriver un nouveau de type de clients, en recherche d’une première machine laser : des entrepreneurs en reconversion professionnelle, des créatifs qui se lancent dans le business de la gravure et de la découpe… Notre offre tout en un (laser, logiciel et matières) nous permet véritablement les accompagner dans leur projet.

Journaliste diplômée de l’ESJ Paris, Céline Collot travaille depuis plus de 20 ans en presse professionnelle, ainsi que dans la communication éditoriale et la production de contenu pour les entreprises et les collectivités. Ses domaines d’expertise couvrent un large spectre : arts graphiques et communication visuelle, industrie, santé, éducation, logement social, agro-alimentaire, tourisme et patrimoine.