Depuis Aix-les-Bains, InPressco se présente comme « créateur et imprimeur ». Si un positionnement annoncé s’inscrit parfois dans une forme de sur-promesse, chaque mot est pesé en l’occurrence. Pour preuve, les clients de l’entreprise sont, pour beaucoup, des restaurants étoilés et des grands noms de la gastronomie, qui profitent de l’amour d’InPressco pour le média papier.

« On a toujours voulu avoir un temps d’avance. » Alys Chianale, la co-dirigeante d’InPressco, l’affirme sans forfanterie. Il se trouve que son entreprise a, en effet, inscrit l’éco-responsabilité au cœur de son activité dès sa création, en 2011. Et, dans le même temps, la volonté du travail bien fait et le goût du détail ont toujours infusé au quotidien, à la manière d’un artisan plus que d’un industriel. « Nous essayons d’avoir une approche distinctive du métier, en proposant des produits uniques plutôt qu’en fabriquant toujours plus, afin qu’il soit toujours présent demain, tout simplement », présente Nicolas Bompois, co-fondateur d’InPressco.

TROUVER LA BONNE RECETTE

L’atelier de l’entreprise est hébergé dans un bâtiment discret, en retrait d’une rue peu passante, en périphérie du centre d’Aix-les-Bains (Savoie). C’est ici qu’InPressco concocte ses recettes. Le papier est l’ingrédient de base. Les deux dirigeants expérimentent avec depuis des années. « Nous avons commencé avec les moyens du bord, en empruntant du matériel à nos anciens patrons. On a persévéré dans le façonnage et l’ennoblissement, et petit à petit, nous avons investi dans des machines et recruté », explique Alys Chianale.

Cette idée de valorisation des produits s’inscrit en cohérence avec la clientèle d’InPressco, qui est dans les petits papiers de la haute gastronomie depuis sa collaboration, dans le cadre d’un menu, avec le restaurant savoyard du chef Yoann Conte, doublement étoilé au Guide Michelin. Le bouche à oreille a depuis fait son œuvre et de nombreux établissements premium de la région font confiance à InPressco.

« On va jusqu’à refabriquer du papier avec des restes de cuisine. Il nous arrive de trier des légumes pour en faire du papier de couleur. Les déchets n’en sont plus, les matières donnent vie à un produit de communication d’exception. Parce qu’il est unique et juste, il va durer dans le temps. Quand on voit un bel objet, on n’a pas envie de le jeter », affirme la dirigeante.

SHOWROOM INSPIRANT

InPressco appréhende le beau et le durable par le prisme de la créativité. Il s’agit du vrai point fort de l’entreprise. Pour nourrir la réflexion des clients autour de leurs projets, les dirigeants les invitent à explorer en amont, pour ne pas débarquer avec une création finalisée prête à être imprimée. « On propose de venir nous voir et de choisir ensemble le papier et la technique d’impression, en fonction de l’usage, du message et des cibles. Ensuite, la création se fait en fonction de ce qui a été vu et choisi. Il est essentiel de lancer la conception d’un produit par la matière, plutôt qu’avec la forme », martèle Mme Chianale.

C’est à l’étage du bâtiment que bouillonnent les idées, au sein d’un showroom de 100 m². Autour d’une grande table centrale invitant à la discussion, des échantillons tapissent les murs, avec des dizaines de réalisations. A la manière d’un énorme moodboard, permettant de se rendre compte des possibilités offertes par InPressco, de partir sur une base existante et de lancer les échanges.

Sur les meubles de la pièce, on repère quantité de catalogues de différents fournisseurs de papier de création : Fedrigoni, Favini, Antalis, Gmund, mais aussi des créateurs moins connus. Et des exemples de papiers sur-mesure, créés par InPressco en partenariat avec un moulin du XIVe siècle établi à 30 minutes de l’atelier. On remarque également des échantillons de cuir et de simili, sur la rambarde de l’escalier, avec, à proximité, des machines à coudre Singer. L’objectif de ce showroom : « Que les clients sortent du rendez-vous avec leur produit en tête. »

TECHNIQUE EXCLUSIVE

Pour la concrétisation des projets, on descend vers l’atelier. A l’entrée, deux presses numériques récentes se font face. L’une imprime des papiers jusqu’à 450 grammes et l’autre imprime blanc, or, argent et vernis. Un peu plus loin, on passe dans « un univers plus vintage », selon les mots de la dirigeante. Parce que la place est comptée, des solutions traditionnelles de piquage, marquage et découpe se succèdent sur quelques mètres, permettant de réaliser finitions et façonnage (contrecollage, rembordage, reliure, pellicullage) de qualité, pour du packaging, des classeurs ou des menus. Sur certains dossiers, InPressco fait appel à un ESAT local pour des opérations de façonnage.

Lors de notre reportage, une opératrice s’attache à la finition d’un menu en origami, destiné au Clos des Sens, un restaurant 3 étoiles à Annecy. « Nous avons imaginé une technique spécifique pour faciliter le pliage, en exclusivité pour ce client, révèle Alys Chianale. Avec ce type d’établissements haut de gamme, on ne peut pas reproduire les mêmes choses. Il faut trouver une nouvelle idée à chaque fois, et c’est ce qui nous passionne. »

Un dernier espace du bâtiment est consacré au marquage letterpress et au stockage du papier. Il est, pour le coup, loin d’être encombré. Il s’agit là d’un choix stratégique de l’entreprise, qui préfère fonctionner en flux tendu et exploiter l’existant avant de faire des commandes de papier si besoin, dans une logique d’éco-responsabilité. Pour continuer son développement, InPressco devrait agrandir ses locaux et bientôt annoncer une brique supplémentaire dans son activité. « Notre souhait, c’est de devenir des papetiers-imprimeurs-façonniers, afin de former une boucle complète », promet la dirigeante.