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Procédés Chénel, une histoire de transmission

Plus que centenaire, mais toujours plus durable, la fabrique de papiers à émotions Procédés Chénel a encore beaucoup à donner. Bien ancrée dans l’air du temps, connectée avec le monde de la création et les jeunes générations, l’entreprise aborde les années qui viennent avec confiance et détermination.

Une saga familiale. Aujourd’hui dirigée par Sophie Chénel, la société Procédés Chénel a été fondée en 1896 par son arrière-grand-père. À l’origine, l’entreprise francilienne se spécialise dans la menuiserie, mais le spectre s’élargit sous l’impulsion de Guy Chénel. Architecte de formation et inventeur prolifique, il dépose une soixantaine de brevets durant son mandat. Son invention majeure, née dans les années 1970, est encore exploitée par Procédés Chénel en 2022 : le Drop Paper. « La signalétique des salons était historiquement réalisée en panneaux de bois. Mon père a développé une solution pour les remplacer par du papier, pour gagner en légèreté et en sécurité », rembobine Sophie Chénel. Atout maître de l’entreprise, ce matériau singulier, ultra résistant et ignifugé, brille également par sa modularité. Il se décline sous forme de cloisons, de luminaires, de mobiliers ou de plafonds.

LA QUATRIÈME GÉNÉRATION AU POUVOIR

Sophie Chénel a « toujours exprimé la volonté de prendre les rênes de l’entreprise ». Elle intègre la société en 1994, à 27 ans. Admirative du travail de son père, elle creuse toutefois son propre sillon en orientant l’activité autour des créateurs de décor et en accentuant le développement à l’international, jusqu’à se voir nommée gérante en 1997.

Aujourd’hui, la PME compte une vingtaine de salariés. Ses « architectures de papier » se destinent aux concepteurs d’expositions, aux professionnels de l’événementiel et aux architectes d’intérieur. Des systèmes faciles d’installation, pérennes comme éphémères, sont proposés. Conception, impression, découpe : Procédés Chénel s’occupe de tout dans son atelier. Tous les éléments décoratifs sont personnalisables, pour coller aux souhaits de chaque créateur. Car une ambition anime l’entreprise au quotidien : la transmission d’émotions au travers de ses productions.

CRÉER DES ÉMOTIONS

Procédés Chénel compte nombre de clients prestigieux : des acteurs du luxe comme Chanel et Hermès, des géants de la grande distribution comme Carrefour, des agences de design comme Dragon Rouge. Et si le fabricant a su séduire les plus grands, c’est parce qu’il touche la corde sensible. Auteure de créations délicates, la société labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant explique son succès par la matière. « Le papier apporte une émotion que le textile ou des matériaux plus denses n’offrent pas », avance Sophie Chénel. La dirigeante note que les sensibilités divergent selon les pays : « Les réalisations prennent des expressions différentes, car les créateurs s’approprient nos produits selon la culture locale ». La planète entière s’accorde toutefois sur une chose : la nécessité de s’engager pour plus de responsabilité.

LÉGUER UNE PLANÈTE VIVABLE

Sophie Chénel le confesse sans détour : « Nous lançons 30 tonnes de papier sur le marché chaque année qui, pour majorité, ne se recyclent pas ». Le produit phare de Procédés Chénel, le Drop Paper, est un composite fait de cellulose, de polyester et de fibre de verre. Une fois ces matériaux intégrés dans le papier, difficile de les dissocier. Poussée par l’urgence d’agir, l’entreprise a donc développé, en 2020, le Drop Cake : des panneaux composés à 60 % de chutes de production de Drop Paper et à 40 % de polyéthylène recyclé.

Et Sophie Chénel voit plus loin : « Nous mobilisons nos clients pour récupérer les matières et en faire autre chose. Un décor éphémère sur un salon peut se transformer en mobilier durable ». La preuve avec les designers Laurianne Beaunier, Aurélien Veyrat et Anne Xiradakis, dont les pièces réalisées en Drop Cake ont fait leur entrée dans la collection 2022 du Mobilier national, une institution, créée au XVIIe siècle, ayant pour mission de perpétuer des savoir-faire d’exception.

ÉCHANGE DE SAVOIR-FAIRE

En lien avec la gestion de ses déchets, Procédés Chénel a monté la « School Paper ». Dans un format hybride entre concours et workshop, des étudiants en design sont invités à expérimenter à partir de chutes de production. L’occasion pour ces jeunes talents de rencontrer un jury de professionnels et d’échanger sur leurs pratiques. Ce projet tient particulièrement à cœur à Sophie Chénel. « Nous travaillerons sur le bois brûlé cette année. Après un passage dans notre atelier pour appréhender notre activité et nos matières, un workshop se tiendra à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, le 18 juin prochain », s’enthousiasme la dirigeante.

Le showroom de Vanves est aussi le théâtre d’autres animations : des ateliers « Paperclass » pour découvrir les produits de la maison aux plus informels déjeuners « Paper Lovers ». En parallèle, après 25 ans à la tête de l’entreprise, Sophie Chénel prépare sa succession : « J’espère la transmettre à mes enfants. Ils sont encore jeunes, mais cette perspective les intéresse ». La transmission, encore et toujours.

Source des visuels : Procédés Chénel, Sophie Larger

Détenteur d’un MBA en Management stratégique (Université Laval, Canada) et d’une Maîtrise de gestion (Paris IX Dauphine), Bertrand Genevi possède dix ans d’expérience dans les médias (L’Express, 20 Minutes) et en agence de communication (Hopscotch).