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Réussir la digitalisation de son entreprise : un enjeu collectif

Une tribune d’Abdellah Ben Hamou

 

En questionnant nos habitudes, la crise sanitaire et économique a eu un point positif : celui de révéler notre retard sur les enjeux du digital. Nos entreprises vivent aujourd’hui dans un monde organisé autour de l’information et de la donnée. Le temps est venu, pour les imprimeurs, de franchir le cap.

 

 

Dans un marché en recul, conjugué à une crise sans précédent, les tendances chez les imprimeurs vont de -20 à -60 % d’activité pour les plus impactés. Les imprimeurs cherchent donc plus que jamais de nouveaux océans bleus pour leur entreprise et veulent dans le même temps optimiser leur organisation pour tenir leurs lignes de coûts.

 

Le métier d’imprimeur tend vers un ensemble de services autour de l’imprimé. Cette crise sanitaire et économique, dont j’espère que nous sortirons dans les mois à venir, révèle notre retard sur les enjeux du digital. Elle a eu néanmoins un aspect positif : celui de nous questionner sur nos habitudes et nos réticences et de nous faire avancer à marche forcée vers une révision de nos process. Elle a installé nos entreprises dans un monde organisé autour de l’information et de la donnée.

 

Il n’est pas nécessaire d’attendre d’être malade pour prendre soin de sa santé. Profitons de cette période où le temps permet d’auditer son organisation, pour lancer ou muscler dans nos imprimeries le chantier de la transformation digitale, dans le but de gagner en efficacité et sortir de cette crise plus fort qu’en y entrant.

 

La digitalisation n’est pas synonyme d’exclusion. Souvent, dans l’inconscient collectif, le digital est opposé à la place de l’humain dans l’entreprise. L’opportunité de la transformation digitale est au contraire, pour moi, un formidable terrain de jeu qui permet d’accroître la visibilité de l’entreprise et d’améliorer les performances de nos organisations. Il s’agit d’un enjeu stratégique. En conséquence, il doit être inscrit dans le plan de développement de l’entreprise, au même titre qu’un impératif de satisfaction-client ou de certification environnementale. Ceci avec transparence et dans un contexte engageant pour toutes les parties prenantes de l’entreprise. Nous pensons souvent le digital dans la relation qu’une entreprise peut avoir avec son marché et nous sous-estimons l’impact plus profond que cette transformation génère en interne. Un projet, quel qu’il soit – et à plus forte raison quand on parle de digitalisation – lancé sans l’adhésion des équipes fera naître une résistance naturelle.

Après avoir mesuré le degré de maturité digitale de son imprimerie, il est essentiel de se faire accompagner sur ces enjeux. Comme dans tout projet, il conviendra d’identifier les actions prioritaires à mettre en place. Le digital bouleverse l’ensemble des secteurs de l’entreprise : le management de la relation-client, avec des outils qui permettent de les accompagner au plus près ; nos rythmes de travail, avec les bureaux à distance ; nos échanges commerciaux, avec le développement de solutions de web-to-print ; la gestion des bases de données et la vie dans nos ateliers, avec la connectivité des outils de production.

 

Il n’y a pas de mauvaises questions, mais plutôt de mauvaises réponses. La période que nous traversons depuis plus d’un an nous a poussés à repenser notre mode de vie, nos relations sociales et le sens de notre travail. Etpar conséquent, à mieux utiliser notre temps et à travailler plus efficacement. Dans cette optique d’amélioration continue, la question qui doit guider notre projet est donc de savoir comment faire mieux demain, en analysant l’existant et en sortant des traditionnelles postures du type “j’ai toujours fait comme ça”.

Le piège est souvent de vouloir mener tous les chantiers de front et, dans le même temps, de vouloir faire table rase de ce qui était déjà en place en changeant, par exemple, l’ensemble de ses logiciels. Dans l’audit de départ, mieux vaut d’abord s’assurer que ses outils sont utilisés de manière optimale : l’ERP, les solutions prépresse, les logiciels comptables… La plus belle des voitures ne fait pas forcément de vous un meilleur conducteur. Ce qui pose la question du budget. Même si je considère que c’est un investissement sur l’avenir, renforcer ses outils digitaux implique un coût non négligeable.

 

Enfin, on progresse toujours plus vite en partageant avec ses équipes, ses partenaires et ses clients. C’est aussi dans cette intelligence collective que se construisent les projets et les évolutions dans nos entreprises.

 

BIO

Entré chez l’Artésienne (62) en 2003, en tant que commercial, Abdellah Ben Hamou gravit tous les échelons, pour devenir président du conseil d’administration de l’imprimerie, de 2013 à 2020. Dix-sept années au cours desquelles cet expert des arts graphiques sera amené à piloter la transformation digitale de l’entreprise, en concertation avec les 65 salariés de l’imprimerie, qui a choisi le format SCOP (Société Coopérative de Production) pour se développer. Garant des résultats et gardien des valeurs de l’Artésienne, Abdellah Ben Hamou démontrera que l’idée d’une économie sociale et solidaire est compatible avec les notions de performance économique et d’excellence industrielle. En 2020, il passe le relais et crée sa société de conseils pour aider les entreprises des arts graphiques à explorer les canaux digitaux et accélérer leur développement. Parmi ses premiers clients se trouve la société Nuanciel, un collectif de print-managers spécialistes de l’imprimerie, de la signalétique et de l’étiquette. Une rencontre forte qui pousse Abdellah Ben Hamou à s’investir davantage au sein de l’équipe : il en est le directeur du développement depuis mars 2021.

UNE DIGITALISATION SUR TOUS LES FRONTS : L’EXEMPLE DE L’ARTÉSIENNE

 

« Une promesse de BAT en 20 minutes, cela fait rêver… »

Un rêve devenu réalité pour l’imprimerie l’Artésienne, qui a fait le choix d’automatiser son prépresse pour les parties Conformité de fichier etBAT. Elle a choisi pour cela la suite Enfocus / Switch / Aproove.« Là où il fallait parfois 48 heures au studio pour présenter un BAT, pendant les périodes de fortes charges, il ne faut plus aujourd’hui que quelques minutes », précise Abdellah Ben Hamou. Un argument qui fait mouche auprès des donneurs d’ordres, notamment pour les marchés publics.

 

« 3780 devis en quelques minutes… »

Répondre aux appels d’offres peut très vite devenir une vraie sinécure pour un imprimeur, à moins d’équiper son ERP d’un module spécifique pour automatiser cette tâche extrêmement chronophage. L’Artésienne a décidé d’upgrader son ERP MasterPrint en ce sens, pour multiplier de manière exponentielle le nombre de devis étudiés. « Cette solution nous a permis de soumettre davantage d’offres, là où nous nous limitions auparavant à 100 devis maximum par marché pour ne pas engorger notre service. Nous avons ainsi pu répondre à des marchés plus volumineux, avec moins de compétition, puisque moins d’imprimeurs en face », commente Abdellah Ben Hamou.

 

« Disposer en temps réel des performances économiques de son entreprise »

Pour la partie pilotage de l’entreprise, l’Artésienne a opté pour la solution Microsoft Power BI. Connecté à l’ERP et au logiciel de facturation et de gestion commerciale SAGE, Power BI permet de prendre connaissance des performances de l’entreprise en temps réel. « Autrement dit, grâce à Power BI, le ou la chef(fe) d’entreprise peut efficacement interpréter les données, prendre des décisions de gestion et diriger son entreprise plutôt que de perdre un temps précieux à compiler les données », confirme Abdellah Ben Hamou.