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L’impression numérique sur verre prend de la bouteille

Le groupe verrier OWENS-ILLINOIS (O-I) a installé, sur son site Innoval de Chazelles-sur-Lyon (Loire), une ligne d’impression numérique directe sur bouteilles en verre. Une première mondiale qui permet aux marques de vins et spiritueux, clientèle principale du groupe O-I, de personnaliser leurs bouteilles, en petites séries, sur des délais très courts. Une innovation qui a déjà séduit plusieurs marques et qui donne des idées à des clients venus d’autres horizons.

Un à un, de nouveaux segments du marché du packaging et de l’emballage se convertissent à l’impression numérique. « L’étiquette y est passée, les fourreaux également, le carton à son tour, énumère Mélianthe Leeman, directrice de la plateforme d’innovation mondiale du groupe verrier Owens-Illinois (O-I). Mais il s’agit d’impressions à plat. Ici, le défi consistait à faire de l’impression sur des objets en volume ». Ce défi, relevé par le groupe américain, c’est donc celui de l’impression numérique directe sur bouteilles en verre. Une première mondiale. Car le groupe verrier a inauguré, au mois de décembre, une ligne dédiée à cette technologie, installée dans son usine Innoval de Chazelles-sur-Lyon, dans la Loire. Sur ce site consacré à l’impression de décors sur bouteilles et pots en verre, O-I a investi 5 millions d’euros pour accueillir cette « usine dans l’usine », développée par Dekron, filiale du groupe Krones spécialisée dans les technologies d’impression directe pour les marchés du packaging.

 

« Cette technologie est accessible pour les PME qui souhaitent faire des séries limitées, mais elle s’adresse aussi aux grands comptes, pour du prototypage par exemple », Olivier Dangmann, innovation manager chez O-I

 

UN INCUBATEUR DE PROJETS

Baptisé « O-I Expressions », ce procédé d’impression jet d’encre UV remplace deux lignes de sérigraphie, transférées sur le site Innoval de Gensac, en Gironde. « L’impression directe, beaucoup plus rapide que la sérigraphie, offre une très grande flexibilité, explique Olivier Dangmann, innovation manager chez O-I. Cette technologie est accessible pour les PME qui souhaitent faire des séries limitées, mais s’adresse aussi aux grands comptes, pour du prototypage par exemple. Nous acceptons les commandes à partir d’une palette, soit 1000 bouteilles en moyenne pour du vin, mais cette machine nous permet de faire de l’amalgame, soit la possibilité de grouper les commandes de plusieurs clients qui utilisent le même type de bouteilles ».

Une technologie qui répond à un véritable besoin. « Le marché se fragmente : cette tendance à la personnalisation, tirée par des consommateurs qui poussent les marques, entraîne une baisse des volumes et une multiplication des courtes séries, analyse Mélianthe Leeman. D’ailleurs, cette ligne doit fonctionner comme un incubateur de projets : nous ne souhaitons pas voir un seul client occuper toute la production, mais bien multiplier les projets ». Dans le viseur du groupe O-I : les marques de vins et spiritueux, premiers clients du verrier américain.

 

LE RELIEF CRÉE L’ATTRACTION

Plusieurs producteurs ont déjà fait appel aux services de O-I Expressions. En Italie, Cantina Gulfi a produit une édition limitée où les étiquettes ont laissé la place à un design créé par l’agence Coo’ee Italie et imprimé directement sur les bouteilles. En France, Rhonéa, groupement de vignerons de la Vallée du Rhône, a redynamisé l’image de son rosé « Ma Belle Pomelle », en passant de la sérigraphie à l’impression directe sur verre avec relief, lui conférant une image haut de gamme.

 

« Le marché se fragmente : cette tendance à la personnalisation entraîne une baisse des volumes et une multiplication des courtes séries », Mélianthe Leeman, directrice de la plateforme d’innovation mondiale du groupe O-I

 

Un effet relief particulièrement apprécié des clients, de tous horizons. Ainsi, l’épicerie fine milanaise Betto, qui souhaitait mettre en place une offre de produits à emporter, a collaboré avec l’agence 6th pour concevoir une gamme d’emballages collectionnables de qualité. L’agence a sélectionné un bocal en verre classique, décoré de 26 illustrations différentes pour conditionner le granita « maison » (un dessert semi-glacé traditionnel sicilien, ndlr). Chaque bocal arbore une lettre de l’alphabet, imprimée en relief, et des détails renvoyant à la tradition sicilienne, permettant aux clients de Betto de former des noms, des mots ou des phrases.

Encore plus original, l’agence H2H a créé un nouveau concept d’emballage pour une huile moteur de qualité supérieure proposée par Mercedes-Benz Italie. Le logo, le nom de la marque et du produit étaient imprimés en relief, accompagnés de l’empreinte de main d’un mécanicien ! Chaque bouteille était ensuite personnalisée avec le nom du destinataire, afin d’offrir une expérience client unique.

© Owens-Illinois

 

DURÉE DE VIE PROLONGÉE

Cet effet relief est permis par l’impression d’un vernis, montée sur l’un des modules de têtes d’impression Xaar de la machine. « Nous arrivons à faire des impressions en relief qui se rapprochent de la gravure verrière », se félicite Mélianthe Leeman. Seules les bouteilles cylindriques, mises en rotation devant les têtes d’impression, sont aujourd’hui acceptées par la machine, mais tous les volumes sont envisageables, du petit pot au magnum de champagne. Selon la complexité du design et le nombre de couleurs, la machine personnalise 500 à 4000 bouteilles par heure. Imprimées après un pré-traitement garantissant l’adhérence de l’encre, les bouteilles passent ensuite sous des lampes UV, puis reçoivent un traitement de surface à froid. Un process qui offre aux bouteilles ainsi personnalisées une durée de vie pouvant aller jusqu’à dix ans. De quoi transformer de simples contenants en véritables objets de collection.

Journaliste spécialisé dans le domaine des industries graphiques, Florent Zucca est rédacteur en chef du magazine IC LE MAG / Industries Créatives, où il analyse les opérations de personnalisation menées par les marques en matière de retail, de packaging, de décoration et de communication. Diplômé de l’ISCPA Lyon (Institut Supérieur de la Communication, de la Presse et de l’Audiovisuel), il a auparavant travaillé, pendant près de dix ans, dans la presse économique.